Chaud devant pour les banquiers centraux !

Cette semaine, les principales banques centrales vont monter leurs taux directeurs, les amenant à des niveaux inédits depuis plus de 10 ans. Néanmoins, l’attention sera surtout portée sur la direction future de leur politique monétaire. Il est presque acquis que la Fed va monter ses taux de référence de 25points de base (pb), soit réduisant encore une fois le pas des hausses. La BCE et la Banque d’Angleterre (BoE) devraient faire davantage, avec des hausses de 50 pb.  Les surprises viendront du ton adopté par chaque institution. Est-ce que la Fed va valider la conviction du marché que cette hausse est l’avant dernière ? Ainsi, considérer que la politique monétaire devient suffisamment restrictive ?  Nous continuons à penser que la Fed pourrait aller plus loin. La BoE va-t-elle minimiser les tensions salariales et penser qu’une progression modérée est plus adaptée devant les risques de récession ? Va-t-elle prendre un risque sur l’inflation ? Nous croyons plutôt à un signe fort.  La BCE pourrait-elle adopter un ton plus conciliant que lors de la dernière réunion ?  Cela semble difficile, et à ce stade peur probable.  

Evidemment les décisions prises s’appuieront sur le diagnostic qui sera fait concernant le niveau de restriction de la politique monétaire pour réussir à ramener l’inflation à la cible de 2%. La tendance de l’inflation est à la baisse dans la plupart des pays. La baisse des prix de l’énergie y joue un rôle important. Aux Etats-Unis, la baisse des prix des biens aussi, notamment ceux qui avaient cristallisé les tensions les plus fortes sur les chaînes de production et de distribution.
La Banque du Canada, a décidé la semaine dernière de considérer que la fin du resserrement avait été atteinte en se mettant en pause. Pour elle, en s’appuyant sur les délais d’action de la politique monétaire, les mesures restrictives déjà prises devraient permettre à l’inflation de continuer son déclin.  Difficile de le savoir, d’autant plus que comme ailleurs, les salaires progressent à des niveaux qui dépassent largement les gains de productivité.

Ce n’est pas sûr que les autres banques centrales vont suivre cette analyse. Les mois qui viennent seront chauds. Personne ne voudrait en faire trop et au passage casser la croissance. Mais pour la trajectoire de l’économie, le risque du laxisme reste plus fort que le contraire.  

Aux Etats-Unis, les derniers chiffres d’’inflation, avec la publication du déflateur de la consommation (PE), la mesure la plus suivie par la Fed comme attendu, a suivi l’évolution de l’indice des prix à la consommation[1] en poursuivant sa décrue en décembre. L’inflation cœur a reculé à 4,4% en glissement annuel contre 4,7% le mois précédent. Ceci reste plus du double de l’objectif de la Fed. Il nous semble que nous rentrons dans l’étape la plus difficile dans la décélération des prix. Elle risque d’être plus lente si on considère que c’est bien la tendance sous-jacente qui est la plus importante. En effet, sur les prix des biens on devrait encore voir une décrue avec des goulets d’étranglement qui se dissipent, et, en glissement annuel, des effets de base importants. De même, pour les prix de l’énergie, les effets de base seront là jusqu’au moins la fin du printemps. Sur les prix des services ce sera bien plus lent.  En même temps, ce qui est important pour la Fed est que les anticipations d’inflation du marché restent bien ancrées.

Le soulagement des tensions inflationnistes viendra de la meilleure adéquation entre offre et demande. Ceci passe par la réduction des pressions sur le marché du travail. Avec un taux de chômage à 3,5% outre Atlantique, soit un plus bas de plus de 50 ans, il est évident qu’on n’a pas encore vu cette dynamique. Cette semaine on verra ce que nous dit l’enquête américaine sur l’emploi. Toute porte à croire que le marché de l’emploi reste relativement robuste dans son ensemble, malgré des annonces répétées de licenciements dans certains secteurs. Mais le marché du travail est une variable retardée du cycle économique. En ces sens, les chiffes de consommation pour le mois de décembre ont montré un recul marqué en termes réels. Ceci semble indiquer qu’on entre bien en 2023 avec une dynamique de faiblesse qui contraste avec la croissance du PIB des deux derniers trimestres (+3% par trimestre en moyenne en rythme annualisé). En même temps, la confiance des consommateurs remonte.  Ce sont les paradoxes qui rendent la lecture de la trajectoire économique complexe.
      
La trajectoire de l’inflation reste un des sujets des plus importants pour les économies développées en 2023. Aux Etats-Unis, les chiffres du déflateur de la consommation américaine pour le mois de décembre ont bien confirmé la décrue de l’inflation. En effet, l’inflation est retombée à 5% en glissement annuel, contre 5,5% le mois précédent. C’est le cinquième mois de baisse.

L’inflation sous-jacente[2] continue aussi à baisser, s’établissant à 4,4% en glissement annuel contre 4,7% le mois précédent. La contribution des biens à la modération de l’inflation est la plus importante. Compte tenu des variations extrêmes que nous constatons depuis plusieurs mois, il est aussi rassurant de voir que l’indice obtenu par la Fed de Dallas, qui exclut justement les mouvements les plus extrêmes à la baisse comme à la hausse, connaît aussi une décrue.

Termes et définitions
1. indice des prix à la consommation. L’indice des prix à la consommation (IPC) est un indicateur économique qui mesure l’évolution des prix des biens…
2. Inflation sous jacente ( inflation sous-jacente ) L’inflation sous-jacente, également connue sous le nom d’inflation core ou d’inflation de base, est une mesure de l’inflation…
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