Chine : la bataille de succession de Xi Jinping ravive les tensions commerciales

Dans sa note hebdomadaire, Christopher Dembik (Pictet AM) décrypte la purge spectaculaire opérée par Pékin, avec la destitution de huit hauts responsables militaires chinois. Loin d’un simple épisode de lutte anti-corruption, cette manœuvre marque une étape clé dans la bataille de succession qui s’ouvre au sommet du régime. Face à un Xi Jinping affaibli, son rival Hu Chun Hua, ex-vice-premier ministre, cherche à s’imposer en durcissant sa ligne face aux États-Unis.
illustration du marché Chinois
©Fibee

Dans sa note hebdomadaire, Christopher Dembik (Pictet AM) décrypte la purge spectaculaire opérée par Pékin, avec la destitution de huit hauts responsables militaires chinois. Loin d’un simple épisode de lutte anti-corruption, cette manœuvre marque une étape clé dans la bataille de succession qui s’ouvre au sommet du régime. Face à un Xi Jinping affaibli, son rival Hu Chun Hua, ex-vice-premier ministre, cherche à s’imposer en durcissant sa ligne face aux États-Unis.

Il y a quelques jours, huit hauts responsables militaires chinois ont été limogés dans le cadre d’une vaste purge anti-corruption. Épiphénomène ? Loin de là. C’est l’une des conséquences de la lutte de pouvoir qui a cours, quasiment en catimini, au sein de la classe dirigeante chinoise. Le président Xi Jinping, âgé de 72 ans, prépare sa succession. Tout aurait pu se passer sans encombre. C’était sans compter l’ambition de Hu Chun Hua, ancien vice-premier ministre (2018-2023), qui cherche à tout prix à s’imposer. Deux clans s’opposent, et ce n’est pas sans effet sur la guerre commerciale.

Peu importe le locataire de la Maison Blanche, Xi Jinping a toujours été partisan d’une ligne ferme face aux Américains. Pour que Hu Chun Hua conserve ses soutiens au sein du Politburo, il doit se montrer encore plus jusqu’au-boutiste, ce qui n’incite pas le leadership chinois à faire preuve de flexibilité dans les négociations en cours avec l’administration Trump. Qu’attendre de la rencontre de Budapest qui doit avoir lieu dans les jours à venir ? Pas grand-chose. Probablement un retour au statu quo d’avant juin. Du côté américain, cela impliquerait d’annuler les taxes douanières de 100% visant les entreprises pharmaceutiques, dont beaucoup sont installées en Chine. Du côté chinois, Pékin pourrait en échange revenir au régime de licence sur les terres rares qui prévalait avant le 9 octobre et qui est moins pénalisant pour l’industrie américaine. Il n’y aura certainement rien de plus.

Le pire est à venir ? Si Hu Chun Hua, qui espère devenir président à la place du président, remporte son bras de fer avec Xi Jinping, les relations sino-américaines risquent de se dégrader davantage. Il fait campagne sur le soutien à la demande intérieure au détriment des exportations – le point d’attention majeur depuis la Covid. Par conséquent, il sera moins enclin à chercher un apaisement commercial.

Une chose est sûre, l’hypothèse souvent évoquée depuis 2018 d’une dévaluation du yuan pour soutenir l’économie chinoise a encore moins de poids que par le passé. Une dévaluation provoquerait inévitablement une fuite des capitaux qu’il serait difficile de colmater – au pire moment pour l’exécutif chinois qui est désuni et fragilisé. La stabilité relative du taux de change face au dollar paraît être le scénario le plus probable. C’est d’ailleurs ce qui a prévalu ces derniers mois. Le CNY s’est seulement déprécié de -0,56 % face au billet vert en un an*.

*Source : Tradingview, 24 octobre 2025

Sur le même sujet :

Prec.
Guerre des terres rares : la rivalité sino-américaine reprend de plus belle
Photo d'un camion dans une mine

Guerre des terres rares : la rivalité sino-américaine reprend de plus belle

Dans son analyse, Pierre Pincemaille (DNCA Finance) décrypte le nouvel épisode

Suiv.
Cette semaine sur les marchés : euphorie boursière ou retour brutal de la réalité
Bourse > L'actualité économique et financière

Cette semaine sur les marchés : euphorie boursière ou retour brutal de la réalité

Dans son Rendez-vous du Lundi, Thomas Giudici (Auris Gestion) revient sur la

Vous avez aimé cette publication ?