Les statistiques publiées en juin ont surpris négativement, amenant une nouvelle révision en baisse des prévisions de croissance. Le consensus Bloomberg attend désormais une hausse du PIB d’environ 3,0% en rythme annualisé au deuxième trimestre contre environ 5,0% un mois plus tôt. Cela constituerait un ralentissement marqué par rapport à la croissance enregistrée au premier trimestre. Le PIB avait augmenté d’un peu moins de 10% après la levée complète des restrictions sanitaires en décembre 2022.
La déception porte notamment sur la publication des chiffres d’activité de mai. Si la réouverture de l’économie semble continuer à soutenir la production de services (+11,7% sur un an) et les ventes au détail (+12,7% sur un an), les autres indicateurs étaient plus faibles. La production industrielle n’était qu’en légère hausse (+3,5% sur un an), les exportations baissaient (-7,5% sur un an) et le secteur de l’immobilier restait sous pression. Les ventes de logements en volume se repliaient nettement (-16,0% sur un an) de même que l’investissement en immobilier (-10,2% sur un an).
Le taux de chômage baissait à 5,2% en mai tandis que le taux de chômage des jeunes (16-24 ans) continuait d’augmenter pour atteindre un nouveau record à 20,8% (contre 12,2% en décembre 2019). La forte augmentation du taux de chômage des jeunes est liée à plusieurs facteurs amenant un déséquilibre entre l’offre et la demande de travail. Côté offre, le marché connaît un afflux croissant de jeunes diplômés. Côté demande, les restrictions sanitaires ont durement touché le secteur des services, qui a tendance à embaucher davantage de jeunes travailleurs, et les changement règlementaires intervenus ces dernières années ont pu réduire les débouchés traditionnels (éducation, internet, finance, immobilier par exemple).
Les chiffres d’inflation du mois de mai étaient inférieurs aux attentes et sur des niveaux faibles, illustrant une économie qui tourne en-dessous de ses capacités. L’inflation était nulle et ralentissait à +0,7% hors énergie et alimentation en glissement sur un an. Les indices PMI ne montraient pas d’amélioration de la conjoncture au mois de juin. Si l’on fait la moyenne des enquêtes PMI officielles et de Caixin, le PMI manufacturier était globalement stable à 49,9 et le PMI des services baissait de 55,5 à 53,4.
Ce contexte semble commencer à inquiéter les autorités, à en juger par le renforcement récent des mesures de soutien. Celles-ci sont restées relativement mesurées au cours des derniers mois et concernaient surtout le secteur de l’immobilier. L’idée n’est sans doute pas de stimuler massivement l’économie par ce biais, mais plutôt d’assurer un désendettement ordonné des promoteurs immobiliers. Le marché s’attend à de nouvelles mesures, mais une relance budgétaire massive semble peu probable. Les marges de manœuvre du gouvernement sont en effet plus limitées que par le passé, la dette publique ayant déjà beaucoup augmenté au cours des dernières années.
Voir aussi : https://latribune.lazardfreresgestion.fr/point-conjoncturel-juin-2023/
L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 18 juillet 2023 et est susceptible de changer.