Chine : trois enjeux clés au XXème congrès

Ouvrir l’économie ou du moins ne plus la refermer, relancer ou plutôt ne plus freiner, apaiser ou a minima ne plus attiser les braises, les marchés n’attendent pas de miracle du XXème congrès.

Le XXème Congrès du Parti Communiste Chinois s’est ouvert dimanche 16 octobre. Toute cette semaine, les yeux des dirigeants politiques et économiques du monde entier seront rivés sur Pékin pour tenter de déchiffrer les éventuels signaux d’évolution du titan asiatique.

Les enjeux économiques sont à la mesure du poids de l’Empire du Milieu dans l’économie mondiale, gigantesque, presque 20% du PIB de la planète en 2022. Mais surtout de sa dynamique, en panne depuis douze mois : l’activité est atone, bridée par le Zéro-Covid et la volonté des autorités de mettre le secteur privé sous tutelle.

Personne ou presque parmi les investisseurs ne s’attend à un retour à l’époque de Deng Xiaoping ou de Jiang Zemin, faite d’ouverture économique, de libération des énergies et de prudence diplomatique. Mais trois axes seront particulièrement observés et pourraient influer notablement sur l’humeur des marchés.

 Le premier est l’évolution du degré d’ouverture de l’économie. Inutile d’espérer voir Xi lui-même renoncer au premier de ses « 14 principes » qui figurent désormais dans la constitution du pays : « Assurer le leadership du Parti Communiste Chinois sur toutes autres formes d’organisation en Chine ». Un signal de pause dans le processus de reprise en main de la société par le Parti serait néanmoins bienvenu.

Cette inflexion pourrait se matérialiser par la nomination d’un premier ministre sensible à la nécessité de redonner de l’optimisme aux entrepreneurs du pays. Parmi les noms cités à ce jour, Hen Wenxiu, le plus proche des idées pragmatiques de l’actuel titulaire du poste Liu He correspond à ce profil. En revanche, la promotion de He Lifeng, très proche de Xi et ardant défenseur de la primauté du parti, serait un signal négatif.

 Le deuxième axe est celui de la relance de l’activité. En 2022, pour la première fois depuis plus de quarante ans, la Chine va croître moins vite que l’ensemble de la zone asiatique. Au-delà des mesures déjà annoncées pour soutenir l’immobilier et les infrastructures, dont l’impact est uniquement visible dans les indicateurs avancés[1] du secteur de la construction pour le moment, peu de points concrets sont attendus lors du Congrès.

Cela ne constitue pas nécessairement une mauvaise nouvelle pour les marchés, qui apprécient la baisse des tensions inflationnistes – et énergétiques ! – mondiales, générée par le manque d’allant de l’industrie chinoise.

Néanmoins, il faudra guetter les annonces susceptibles de redonner vie au concept d’économie « double flux ». Il s’agissait, selon Xi lui-même, de rééquilibrer la croissance du pays via un flux de consommation intérieur qui permette de moins dépendre du moteur exportateur. Or les derniers indicateurs avancés Caixin[2], à 49,3 montrent une contraction du volet « services ».

Seule une nouvelle approche, plus flexible, de la politique « Zero-CoVid » – le renoncement n’est pas une option compte tenu de la force avec laquelle les autorités chinoises ont défendu encore très récemment cette doctrine – pourrait redonner de l’élan à l’économie intérieure. Cela reste, à ce jour, très hypothétique.

Le dernier élément surveillé par les marchés sera géopolitique. Xi Jinping a amplifié et généralisé la politique extérieure de son prédécesseur Hu Jintao, qui, le premier, a revendiqué clairement la domination chinoise sur la Mer de Chine, y compris sur les ilots Diaoyu, Paracels et Spratleys, revendiqués par le Japon, les Philippines et l’Indonésie.

La pression sur le détroit de Taiwan s’est également nettement accentuée depuis le début de l’année. En outre, la mise en scène des bonnes relations du pays avec la Russie, y compris après l’invasion de l’Ukraine et en dépit de la subtile prise de distance diplomatique sur ce sujet du président chinois lors du sommet asiatique de Sarmakande en Ouzbékistan, ont encore tendu les relations avec le bloc occidental. La récente accentuation des sanctions technologiques américaines envers son rival du Pacifique témoigne de cette nervosité grandissante.

L’arrêt de l’escalade verbale et une volonté de renouer un dialogue constructif avec Washington, par exemple dans le cadre d’organisations multilatérales comme l’OMC, ou via une coopération monétaire pour stabiliser les changes, seraient très appréciés par les investisseurs. De quoi préparer avec espoir le prochain G20 de Bali, le 15 novembre.

Par Wilfrid Galand, Directeur Stratégiste de Montpensier Finance

Termes et définitions
1. indicateurs avancés. Les indicateurs avancés sont des outils utilisés pour analyser les données financières et les performances d’une entreprise. Ils…
2. Caixin ( Caixin ) Caixin est un média chinois réputé pour son journalisme indépendant et approfondi, en particulier dans le domaine de…
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Prec.
Récession, Euro faible, guerre et pénuries : comment et pourquoi investir ?
Suiv.
Euro zone: towards a further deterioration of the economic situation?
Plus de publications

Abonnez-vous

Abonnez-vous et recevez toutes les semaines notre newsletter économique et financière.