La logique actuelle est la suivante : les taux d’intérêt sont trop bas par rapport à l’inflation qui est au plus haut depuis plus de 40 ans. Les Banques Centrales durcissent leurs politiques monétaires et les taux remontent donc rapidement. De ce fait, les actifs à « duration longue » se dégonflent, dont les actions, et un sérieux ralentissement économique s’annonce… Une fin de cet enchaînement négatif est-elle envisageable au cours des prochaines semaines ?
La position des Banques Centrales est très inconfortable actuellement. Elles ont grandement contribué à sortir de la crise de la Covid-19, mais elles sont désormais critiquées pour ne pas avoir pris la mesure de la très forte poussée inflationniste qui touche la plupart des pays, à l’exception notable de la Chine qui se situe dans un cycle monétaire et économique en complet décalage.
Elles sont donc engagées dans un processus de remontée des taux directeurs pour essayer de juguler l’inflation, au risque de provoquer un ralentissement économique, voire une récession. La BCE est par ailleurs confrontée à de nouvelles tensions inter-pays sur le marché de la dette gouvernementale avec un écartement des spreads(1) entre les pays du « Sud » et l’Allemagne. Sous la pression de ces événements, elle a ainsi annoncé réfléchir à un nouveau dispositif pour limiter ces tensions, sans en préciser les modalités pour le moment. Bref, elles semblent actuellement davantage subir les événements que d’être dans l’anticipation.
C’est dans ce contexte que la BCE et la Réserve fédérale se sont exprimées cette semaine.
La BCE s’est ainsi réunie dans l’urgence mercredi pour essayer de calmer les tensions inter-pays sur le marché de la dette gouvernementale avec un écartement des spreads entre les pays du « Sud » et l’Allemagne. Isabel Schnabel, en charge des opérations de marché à la BCE, a ainsi affirmé que l’engagement de l’institution serait « sans limites » pour éviter la fragmentation de la zone, ce qui a relâché la pression sur les « spreads » des pays les plus endettés. Le dispositif envisagé n’est pour l’instant pas précisé. Sur le plan des taux d’intérêt, une hausse de 25 points de base du principal taux directeur est attendue en juillet (mais le marché pousse pour plus), suivie d’une hausse probable de 50 points de base en septembre et d’un autre mouvement avant la fin de l’année, la courbe anticipant plus de 1 % de taux directeur en fin d’année.
La réunion de la Fed était prévue. Jerome Powell a reconnu que le pilotage de la politique monétaire était délicat car il y a toujours le risque « d’aller trop loin », mais sa principale préoccupation actuelle est l’inflation. Ce faisant, il reconnaît qu’il y a désormais un risque sur la croissance, même s’il juge l’économie américaine très solide. Il a donc annoncé une hausse de 75 points de base des taux monétaires, la plus forte en une fois depuis 1994. Il a néanmoins déclaré que des mouvements de cette ampleur ne seront pas la « nouvelle norme », il agira au cas par cas selon les événements (« data dependant »).