Croissance contre inflation

Chaque mois, nous partageons les conclusions du comité d’investissement stratégique mensuel qui résume les vues d’Ostrum sur l’économie, la stratégie et les marchés. 

L’inflation, tant aux États-Unis qu’en Europe, continue de surprendre à la hausse et les signes de pérennisation s’accumulent : attentes d’inflation à la hausse, pressions inflationnistes qui se généralisent sur nombre de secteurs, et surtout sur les salaires. Si l’histoire est plus facile à raconter sur les États-Unis qu’en zone euro, la tendance s’y dessine aussi, même si, comme d’habitude, la tendance est retardée et atténuée.

Les Banques centrales se voient donc obligées de réagir, en particulier pour que les anticipations ne s’ancrent pas à des niveaux trop élevés. La Fed et la BCE ont durci le ton de manière très notable et accélèrent le resserrement monétaire avec, en corolaire, une hausse de la courbe des taux et un fort rebond de la volatilité. Le problème est qu’avec les niveaux d’inflation actuels, un retour à 2 %, la cible de la Fed et de la BCE, nécessiterait des hausses de taux directeurs encore plus marquées que ce qu’attend le marché (pour l’instant les taux réels anticipés restent négatifs sur plusieurs années, ce qui est insuffisant pour vraiment lutter contre l’inflation). Un tel resserrement conduirait très probablement à une récession.

C’est là le dilemme des Banques centrales : croissance contre inflation. Il est maintenant peu probable qu’elles parviennent à juguler l’inflation sans avoir à mettre en place une politique qui mène à une récession. 

La tragédie ukrainienne ajoute à ce dilemme, en pesant sur la croissance et en rajoutant aux pressions inflationnistes. La variable clef ici est la durée du conflit, qui malheureusement s’éternise et exacerbe donc l’impact sur les variables économiques. Sans parler du drame humain.

Deux scénarios émergent alors. Le premier, si on croit le discours des Banques centrales, avec une inflation qui revient vers l’objectif, mais dans ce cas des taux directeurs élevés et très probablement une récession. Le second, avec des Banques centrales qui deviennent plus complaisantes lorsque la croissance baisse trop ; dans ce cas les hausses de taux anticipées par le marché seraient excessives, une récession pourrait être évitée, mais l’inflation se stabiliserait à un niveau nettement supérieur à 2 %.
Nous sommes plutôt sur le deuxième scénario, les Banques centrales ont montré leur aversion au risque sur la croissance.

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