Cycle industriel mondial : à la recherche du point bas

En baisse depuis le printemps 2021, le climat des affaires dans l’industrie mondiale est récemment passé en territoire négatif, avec des PMI en dessous du niveau de 50. Une analyse du cycle des stocks suggère que le point bas pourrait être atteint au cours des mois qui viennent.

En 1923, l’économiste Joseph Kitchin publiait une étude qui montrait que l’économie était rythmée par des cycles courts d’environ 40 mois en moyenne, soit un peu plus de 3 ans. Il en attribuait la raison aux mouvements successifs de déstockage et de restockage des entreprises industrielles. Quand les stocks sont bas et que la demande est suffisante les entreprises vendent plus chers, ce qui les incitent à produire davantage. Après un délai variable suivant les cycles, cette production finit par faire remonter les stocks et calmer les prix. L’incitation à produire diminue alors, et, en dernier lieu, les stocks rebaissent.

Même si la gestion des stocks a beaucoup évolué depuis 1923, on continue d’observer dans l’industrie des cycles successifs relativement courts (3 à 4 ans), cycles en partie liés à ceux des stocks, même s’ils subissent aussi l’influence de biens d’autres facteurs (dont les chocs de demande). Depuis le point haut du printemps 2021, ce cycle est clairement descendant si l’on en croit le PMI industriel global, et un nouveau point bas semble avoir eu lieu en juin 2023 (graphique 1). Cela fait donc 25 mois de décélération, ce qui en fait la plus longue période de repli du PMI industriel depuis 2006/2008.

Ce long repli du PMI industriel depuis deux ans a été causé par beaucoup de facteurs, dont surtout ceux liés au choc du Covid. Reste qu’une logique « à la Kitchin » semble désormais à l’œuvre, particulièrement dans les pays développés. Depuis quelques mois, les industriels jugent en effet à la fois leurs propres stocks et celui de leurs clients comme supérieurs à la normale historique (graphique 2).

Aux Etats-Unis, cette situation se traduit depuis le mois de mars 2023 par un mouvement de déstockage industriel qui prend de plus en plus d’ampleur, une ampleur qui rejoint celle des creux de 2016 et 2020 (graphique 3). Cette situation pourrait durer encore quelques mois. Elle marque d’ordinaire la phase finale d’un cycle de Kitchin, et, sauf choc externe affectant la demande, précède le prochain cycle haussier (à partir de l’automne ?).

Cette phase un peu désagréable s’accompagne d’un mouvement particulièrement bienvenu aujourd’hui, celui d’une pression désinflationniste dans le secteur industriel. En Europe, les dernières enquêtes du mois de juin montrent bien cet effet prix, les stocks jugés trop élevés induisant une nette décélération des prix de ventes prévus pour les prochains mois (graphique 4).

Sauf choc externe, on voit donc se dessiner les conditions d’une stabilisation progressive du cycle industriel grâce à la baisse des stocks et au soutien à la demande que la désinflation favorise (gains de pouvoir d’achat). On observe déjà cet effet demande sur les indices récents de confiance des consommateurs, qui remontent aux Etats-Unis comme en Europe. La solidité des marchés du travail constitue aussi un facteur de soutien qui diminue les risques sur la demande. Dans ce scénario, le cycle industriel mondial pourrait toucher un point bas au cours de l’été 2023.

Dans nos fonds globaux nous maintenons une allocation en actions d’un peu plus de 20% sur la stratégie prudente, de 43% pour la stratégie équilibrée et de 100% sur le fonds long-only. La poche actions est investie dans un panier-cœur très diversifié de 200 valeurs, et dans deux thématiques complémentaires (« relances vertes » et « valeurs défensives »). Nous continuons d’engranger un rendement croissant sur la partie non investie en actions, via les titres du marché monétaire (TCN) émis par les entreprises et les gouvernements de la zone euro. Notre duration obligataire reste quasiment nulle.

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