Difficile de trancher entre un scénario européen de ralentissement économique modéré et un scénario plus sévère

Zone Euro | FiBee : Les actualités économiques et financières
Deux mois après l’invasion de l’Ukraine, la baisse du pouvoir d’achat plombe le moral des ménages européens, mais le climat des affaires décrit par les entreprises demeure positif.

Il reste donc difficile de trancher entre un scénario européen de ralentissement économique modéré et un scénario plus sévère, d’autant que l’incertitude règne aussi au sujet de l’escalade des sanctions contre la Russie.

Malgré une très légère hausse en avril par rapport à mars (de -18,7 à -16,9), la confiance des consommateurs de la zone euro reste très déprimée (graphique 1).  Affecté par la forte baisse du pouvoir d’achat induite par la hausse des prix de l’énergie et de certains produits alimentaires, l’indice de confiance est compatible avec une récession économique. Ce diagnostic est cependant invalidé, au moins pour l’instant, par les résultats des enquêtes auprès des entreprises. Le PMI composite de la zone euro a même progressé en avril à 55,8, au plus haut depuis sept mois.

 

– Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’écart inédit de perception entre les deux enquêtes :
De par sa construction, l’indice de confiance des consommateurs subit fortement le poids de la baisse du pouvoir d’achat, mais ignore le dynamisme du marché du travail. Or celui-ci reste positif.

– Très riche en emplois, le secteur des services (75% des emplois en zone euro) continue de bénéficier de la fin des restrictions sanitaires dans les secteurs du tourisme, de l’aérien et de l’hôtellerie-restauration. La France (avec un PMI au plus haut depuis janvier 2018) et les pays méditerranéens bénéficient particulièrement de cette dynamique.

– Malgré la baisse de la consommation finale, le très bas niveau des stocks dans les usines, chez les grossistes et les distributeurs (graphique 2) permet une inertie des commandes à l’industrie. Le désir de restockage est en effet très fort, ce qui devrait contribuer positivement au PIB de la zone euro.

– Enfin, l’autre composante de la demande – l’investissement – reste soutenue, entre autres, par les programmes publics et privés de transition énergétique.

Il est donc possible que le climat des affaires en Europe continue de résister, au moins relativement, dans les mois qui viennent. La probabilité d’un tel scénario dépendra cependant aussi du couple sanctions-boucliers lié à la guerre en Ukraine. Un sixième train de sanctions contre la Russie est en effet en préparation, avec en ligne de mire un embargo sur le pétrole russe. L’efficacité et les risques d’une telle action font bien entendu l’objet de vifs débats en Europe, mais aussi hors d’Europe. L’administration américaine commence en effet à s’inquiéter d’une nouvelle envolée du prix du brut, prix pour l’instant modéré par la baisse de la demande chinoise. Par ailleurs, il faudra que les sanctions s’accompagnent de mesures compensatoires (bouclier fiscal) de blocage des prix de l’énergie et de subventions afin de limiter les baisses de pouvoir d’achat, et donc réduire les risques de récession. La BCE sera particulièrement attentive à ces évolutions pour déterminer le rythme auquel elle entend normaliser sa politique monétaire.

Dans nos fonds flexibles nous conservons une exposition modérée et très diversifiée au marché des actions des pays développés, et restons investi sur le thème de la transition énergétique.

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