Le rapport sur l’emploi de mai montrait une économie américaine toujours dynamique. La demande de travail des entreprises ralentissait un peu, mais restait forte avec 390.000 emplois créés sur le mois, un rythme environ deux fois supérieur à celui qui prévalait avant la pandémie. L’offre de travail rebondissait légèrement, le taux de participation passant de 62,2% à 62,3%. Le taux de chômage se stabilisait à 3,6% pour le troisième mois consécutif et la croissance du salaire horaire était stable à +0,3% face au mois précédent, masquant une accélération des salaires pour les travailleurs les moins qualifiés. Si le déséquilibre entre l’offre et la demande semblait ainsi se résorber, le marché du travail restait quant à lui très tendu, avec un nombre d’offres d’emplois environ deux fois plus élevé que le nombre de chômeurs.
Les hausses de taux d’intérêt ne semblent donc pas encore peser significativement sur l’économie. On observe toutefois des signes de faiblesse sur le marché immobilier. Depuis leur point haut de début d’année, les ventes de maisons ont reculé d’environ 30% dans le neuf et d’environ 15% dans l’ancien. Cette faiblesse reflète en partie des contraintes physiques liées à une pénurie d’offre de logements, mais aussi un ralentissement de la demande de logements des ménages, du fait de la remontée des taux d’intérêt et de la hausse des prix de l’immobilier. En l’espace d’un an et demi, les taux hypothécaires sont passés de 2,7% à 5,1% et le prix médian d’une maison neuve de 360 000 dollars à 450 000 dollars. Les revenus des ménages n’ont pas augmenté dans les mêmes proportions.
Une fois corrigé de l’inflation, le revenu disponible des ménages a même diminué sur les derniers mois. La consommation continue toutefois de progresser à un rythme solide, les ménages puisant dans leur épargne pour maintenir un niveau de dépenses soutenu. À 4,4%, le taux d’épargne est au plus bas depuis 2008. Il évoluait plutôt sur une tendance de 7,5% avant la pandémie. L’épargne excédentaire accumulée pendant la pandémie commence donc à diminuer progressivement. Elle reste néanmoins très conséquente, avoisinant près de 12% du revenu disponible annuel. Cela devrait rester un facteur de soutien à la consommation pendant encore plusieurs trimestres. L’inflation sur un an a légèrement ralenti en avril, mais restait élevée à +8,3% (+6,2% hors énergie et alimentation).
Dans ce contexte, la Fed a augmenté son taux directeur de 50 points de base lors de sa dernière réunion de mai, en ligne avec les attentes. Après avoir été relevé de 25 points de base en mars, il évolue désormais dans la fourchette de 0,75%-1,00%. Pendant la conférence de presse, Jerome Powell a maintenu un ton ferme à l’égard de l’inflation, tout en indiquant que des hausses de 75 points de base n’étaient pas envisagées pour les deux prochaines réunions de mi-juin et de fin juillet. Concernant la réduction de la taille du bilan, Jerome Powell a annoncé qu’elle débuterait le 1er juin au rythme maximum de 47,5 Mds USD pendant 3 mois. Le plafond mensuel sera ensuite relevé à 95 Mds USD.