La contraction du PIB au premier trimestre et la publication d’estimations faisant état d’un nouveau repli au deuxième trimestre ont pu faire craindre que l’économie américaine soit déjà entrée en récession. Si l’on ne peut exclure ce scénario sur la base des données disponibles à la mi-juillet, celui-ci constituerait toutefois une simple récession technique. En effet, il n’y a pas de véritable récession sans destructions de postes. Or, près de 2,7 millions d’emplois ont été créés sur la période et le taux de chômage se situe à 3,6% en juin, soit l’un des plus bas niveaux des cinquante dernières années. Le maintien du nombre moyen d’heures travaillées par semaine au-dessus des niveaux habituels est également rassurant. L’enquête JOLTS* montre qu’en mai, les entreprises n’avaient pas encore ralenti leurs embauches et que le nombre de postes proposés restait historiquement élevé.
Le recul de l’ISM manufacturier[3]** a également pu alimenter les craintes de retournement de l’économie américaine. Cet indicateur a culminé à 63,7 points en mars 2021 avant de redescendre à 53,0 en juin 2022, sa moyenne de long terme, mais les nouvelles commandes sont tombées à 49,2 points, un niveau de contraction. On remarquera cependant qu’il arrive que cette composante passe sous les 50 points au cours de phases d’expansion économique, sans pour autant traduire un basculement de l’économie en récession. L’ISM[4] non manufacturier se situe quant à lui à 55,3 points, un niveau cohérent avec la croissance tendancielle de l’économie américaine. On notera également que ces indicateurs montrent une réduction des délais de livraison, ce qui semble confirmer une résorption des tensions dans les chaînes d’approvisionnement. Les composantes « prix » sont quant à elles restées proches de leurs points hauts historiques.
Les prix à la consommation de juin ont d’ailleurs surpris à la hausse. Ceux-ci ont progressé de 1,3% face au mois de mai, tirés par les prix de l’essence, mais l’inflation sous-jacente[1] était tout de même de 0,7% sur le mois. Alors que les prix des biens ralentissent après avoir été le moteur initial de l’accélération de l’inflation depuis 18 mois, les prix des services poursuivent quant à eux leur accélération. Les mesures alternatives d’inflation, qui excluent les prix les plus volatils ou les variations extrêmes, confirment cette tendance haussière.
Après avoir déjà remonté son taux directeur de 75 points de base en juin pour le porter à 1,75%, la Réserve Fédérale va donc très certainement le remonter d’au moins autant à la fin du mois de juillet. La transmission de ce durcissement de la politique monétaire se traduit notamment sur le secteur résidentiel. Les hausses des taux d’emprunt et des prix de l’immobilier ont amené le marché à se gripper. Mais il reste caractérisé par une demande forte et de faibles stocks de logements disponibles. La baisse actuelle constitue-t-elle un ajustement normal après la flambée des derniers mois, ou un retournement plus durable ? L’avenir le dira. Quoi qu’il en soit, les ventes de détail de juin semblent confirmer la résistance du consommateur américain, celles-ci progressant de 0,8% hors éléments volatils, contre des attentes à +0,3%.
* JOLTS (Job Openings and Labor Turnover Survey[2]) : étude mensuelle menée aux Etats-Unis au sujet des nouvelles offres d’emploi, des embauches et des ruptures de contrat. Ces mesures offrent une vision détaillée du marché du travail américain.
** ISM manufacturier : indicateur d’activité du secteur industriel américain. Au-dessus de 50 points, il indique une évolution favorable, et inversement lorsqu’il se situe en-dessous de 50 points.
Voir aussi : https://lazardfreresgestion-tribune.fr/point-conjoncturel-mai-2022/
L’opinion exprimée ci-dessus est datée du 15 juillet 2022 et est susceptible de changer.
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