Fed : la baisse des taux redonne de l’air aux marchés

Dans son analyse, Pierre Pincemaille (DNCA Finance) revient sur la décision de la Fed d’abaisser ses taux de 25 points de base, une mesure accueillie avec enthousiasme par les marchés. Pour l’économiste, la politique monétaire américaine vise avant tout à préserver le scénario d’un atterrissage en douceur, malgré un marché du travail qui se tasse et une inflation encore élevée. Les indices actions ont aussitôt atteint de nouveaux records, portés par des flux massifs. Reste à voir si cette euphorie résistera à la réalité d’une économie mondiale encore fragile.
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Dans son analyse, Pierre Pincemaille (DNCA Finance) revient sur la décision de la Fed d’abaisser ses taux de 25 points de base, une mesure accueillie avec enthousiasme par les marchés. Pour l’économiste, la politique monétaire américaine vise avant tout à préserver le scénario d’un atterrissage en douceur, malgré un marché du travail qui se tasse et une inflation encore élevée. Les indices actions ont aussitôt atteint de nouveaux records, portés par des flux massifs. Reste à voir si cette euphorie résistera à la réalité d’une économie mondiale encore fragile.

Enfin !  C’est peut-être ce que s’est dit le président américain après la décision largement anticipée de baisse des taux directeurs de 25bp de la part de la Fed. Point notable : malgré les coups de pression à répétition de l’exécutif, sur les 12 votants, un seul gouverneur (Stephen Miran) s’est prononcé en faveur d’une baisse de 50 bp. Cette unité, notamment des gouverneurs Waller et Bowman, est la bienvenue tant la tâche de la Fed semble ardue : concilier ralentissement du marché du travail et inflation élevée.

Comme en septembre 2024, le conseil de la Fed a donc pris l’option d’une « assurance » contre les risques qui pèsent sur l’économie. Le parallèle avec cette période semble particulièrement pertinent. Pour rappel, au cours de l’été 2024 plusieurs signaux allaient dans le sens d’un affaiblissement conjoncturel, qui fut finalement contenu par l’initiative de l’institution monétaire. Dans le cas présent, l’assouplissement des conditions financières, grâce notamment au repli des taux courts à travers le monde et du pétrole, plaide là aussi en faveur d’un soft landing. C’est d’ailleurs le scénario privilégié par une majorité d’investisseurs*.

Leur réaction ne s’est pas faite attendre. Les trois grands indices américains ont tous clôturé sur des plus hauts historiques le lendemain de la décision de la Fed, tirés à la hausse par des flux massifs : 57,7 milliards de dollars, soit le plus gros mouvement de capitaux depuis décembre 2024. Et même si les marchés progressent en moyenne historique d’environ 15 % un an après la reprise de la baisse des taux (sans récession), une certaine prudence à court terme est de mise au regard des facteurs techniques. En effet, le volume total des calls** sur le S&P 500 était en moyenne de 40 millions de contrats par jour lors des vingt dernières séances de bourse, un record. Et le RSI*** de l’indice mondial des marchés actions est quant à lui de retour en zone de surachat.

C’est peut-être sous l’angle des macro-secteurs que se fera la différence. Historiquement, le secteur pétrolier sous-performe systématiquement après une détente monétaire et la situation actuelle ne devrait pas déroger à la règle en raison de l’afflux de barils de l’Opep au moment où la demande, notamment chinoise, reste incertaine. À l’inverse, les banques font généralement mieux que l’indice et la configuration présente plaide particulièrement en faveur du secteur européen, en raison du statu quo de la BCE. Cette désynchronisation d’avec la Fed est assez rare pour être soulignée (20 % du temps depuis 1990).

Quant au secteur pharmaceutique, segment défensif par excellence, il est actuellement l’otage des annonces et revirements tarifaires, avec comme toile de fond la volonté affichée par l’administration américaine de faire baisser les prix en amont des élections de mi-mandat. Le deal récent de Pfizer en est une belle illustration. Enfin le secteur technologique est historiquement un autre gagnant du retournement du cycle monétaire, mais gageons cette fois que la tendance microéconomique liée à l’IA générative sera plus puissante que l’effet « taux courts ».

C’est probablement pour la classe d’actifs obligataire que la comparaison trouve ses limites tant la situation actuelle est singulière. La médiane historique montre un rendement de l’obligation d’Etat américaine à échéance 10 ans en repli à horizon trois et six mois après la reprise de la baisse des taux directeurs. Mais le flux de papier à venir pour financer le déficit et le phénomène de reconstitution de la prime de terme pourraient continuer à peser sur les rendements nominaux des parties longues, provoquant potentiellement une situation de conundrum**** inversé, pour reprendre le terme de l’ancien banquier central Alan Greenspan.

Lors de la dernière réunion des gouverneurs, la Fed a également ajusté à la hausse ses projections d’inflation (PCE à +2,6 % en 2026, +20 bp). Face à des tendances d’inflation et d’emploi qui appellent à des actions monétaires divergentes, l’institution monétaire a finalement insisté sur le besoin de se rapprocher d’une position plus proche de la neutralité via une approche de risk management. En d’autres termes, elle met en application la règle des «3P», règle que les investisseurs devraient eux aussi suivre pour limiter l’impact sur les portefeuilles d’une potentielle remontée de la volatilité au quatrième trimestre d’une année si particulière…

*Selon le dernier sondage de Bank of America
**Option d’achat ;
***Relative Strength Index ;
****Enigme des taux longs ;

Texte achevé de rédiger le 10 octobre 2025 par Pierre Pincemaille, Secrétaire général de la Gestion.

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