Retrouvez l’analyse de Christophe MOREL, Chef économiste de Groupama Asset Management, suite à la publication des Minutes du FOMC de mars.
A la lecture des Minutes du FOMC de mars, les arguments justifiant à l’époque la hausse des Fed Funds de 25pdb, sont toujours valables et plaident pour une nouvelle hausse de 25pdb lors du prochain FOMC en mai :
- l’inflation reste « à un niveau inacceptable » et il n’y a toujours aucun signe de désinflation sur la composante sous-jacente hors loyer du CPI (cf. graphique 1 avec la mesure dite « sticky » de l’inflation sous-jacente). A cela, s’ajoute la hausse récente du prix du pétrole.
- le déséquilibre sur le marché du travail est légèrement moins prononcé mais l’écart entre l’offre et la demande s’établit quand même à 4,1 millions (graphique 2). Surtout, le potentiel de remontée de l’offre de travail devient limité sachant que le retard d’immigration est désormais comblé (graphique 3) et que le taux de participation est revenu sur le niveau pré-pandémique pour les moins de 55 ans (graphique 4).
- Certes, l’accès au crédit s’est dégradé pour les PME (graphique 5). Par ailleurs, la prochaine enquête de la Fed sur les conditions d’octroi de crédit devrait montrer une tension supplémentaire. Toutefois, le risque d’une crise bancaire généralisée a diminué et les conditions financières sur les marchés se sont même détendues.
Au-delà du prochain conseil de politique monétaire, la Fed pourrait privilégier une pause.
Elle ne baissera pas les Fed Funds en dépit d’une récession qui devient de plus en plus probable. En effet, les indicateurs de climat des affaires dans l’industrie, les services et la construction confortent notre scénario d’une économie américaine en récession au S2-2023 (le graphique 6 montre que les enquêtes de conjoncture signalent désormais une croissance trimestrielle du PIB qui doit passer en territoire négatif). Cependant, cette récession surprendra par la résilience de l’emploi.
La Fed a capitalisé sur l’expérience monétaire du début des années 80, et ne prendra pas le risque de relancer les anticipations d’inflation par un assouplissement des conditions monétaires.
Elle allongera l’horizon d’autant que le marché du travail restera durablement sous tension, que le cycle d’investissement repartira après une récession assez courte et que la désinflation sera plus lente que ce qu’elle attend.
Source : Bloomberg – Calculs : Groupama AM