Fonds obligataires datés : pourquoi et dans quels scénarios investir ?

Si vous êtes un investisseur, conseillé auprès d’une banque ou d’un conseiller en gestion de patrimoine, vous vous êtes surement vu proposer un fonds daté ces dernières semaines ou ces derniers mois.

En matière d’encours, les fonds datés[2] sont actuellement sur des niveaux records. À chaque événement de crédit ou de taux d’intérêt, lorsque les taux d’intérêt et les primes de risque liées aux émetteurs progressent et offrent un rendement substantiel, généralement après une crise, les sociétés de gestion proposent ces produits qui ont la particularité d’avoir une date de fin à laquelle l’argent est remboursé aux clients.

D’un angle commercial, ces produits rassurent puisqu’ils sont le fruit d’une stratégie de portage. L’investisseur porte une obligation et touche des coupons qui sont capitalisés. Au terme, il obtient un rendement net (rendement brut – les frais de gestion courant) chaque année.

Ce mécanisme est construit pour détourner le fait qu’acheter des obligations en direct pour le particulier reste très complexe. Ce n’est pas le même marché réglementé que les actions. Les obligations donnent une forme de « garantie » dans l’esprit de l’investisseur puisqu’elles sont plus sûres que les actions.

Les fonds datés suivent la même logique que les fonds ouverts. Ils sont exposés au risque de défaut. Ils suivent également les taux d’intérêt ainsi que les spreads de crédit, donc des marges sur les émetteurs.

Le bémol sur l’intérêt de ces fonds réside dans le timing. En effet, lorsqu’un investisseur investit après un important mouvement sur le crédit, le rebond a lieu lors des deux premières années, à l’instar du marché actions. Ces fonds sont en général une attitude marketing, relativement bien faite. Mais ils n’empêchent pas de réaliser une analyse classique de tout fonds.

Le premier élément à apprécier est la maturité du fonds, généralement autour de 5 à 7 ans. Ensuite, il faut s’intéresser à la qualité des obligations. Des obligations « High Yield[3] » qui sont plutôt risquées mais avec un coupon plus élevé ou au contraire des obligations « investment grade[1] » avec un coupon plus faible mais un risque moins élevé.

Il est primordial d’avoir un bon rapport entre le risque et sa rémunération. Dans les rapports mensuels et les DICI il faut regarder avec précision quelles sont les règles ? quels émetteurs ? quel rating moyen ? quels secteurs ? quels subordonnés ?

En comparaison avec un fonds obligataire ouvert, la question principale concerne la capacité du gérant à adapter son portefeuille et sa stratégie pour épouser les rebonds. Pour le client et au regard des autres produits disponibles, l’intérêt du fonds daté réside dans son aspect pragmatique puisque le gérant sait à quelle date il doit « rendre » l’argent des investisseurs.

Comme pour les produits structurés, les fonds datés suivent des scénarios relativement bien définis dès le démarrage avec un risque de défaut et un risque de retrouver son capital qui est davantage maîtrisé que dans un fonds ouvert.

Un fonds daté attire énormément de souscription au début. La masse de flux est importante au démarrage et reste très stable par la suite. Il n’y a normalement aucune sortie. Pour le gérant cela permet de maximiser la gestion puisqu’il est plus complexe de gérer un fonds avec des flux sortants. Le gérant a besoin d’une visibilité sur son actif à gérer. Il est avant tout un gérant de passif puisqu’il doit rendre l’argent quand le client lui demande.

Quelle place ont les fonds datés au sein des portefeuilles de nos clients ?

Au sein du cabinet Vitalépargne, entre un portefeuille qui est, pour la partie très liquide, en banque, des produits structurés qui peuvent couponner avec un scénario bien défini et un portefeuille actions soit avec une optique dividende ou une optique bonne valorisation, sans oublier le fonds en euros, il est possible de réaliser une bonne gestion sans recourir aux fonds datés.

Le fonds daté est utile lorsque l’on a une partie obligataire assez importante, que l’on ne désire ni fonds euros, ni investir dans sa banque. De notre point de vue, il est surtout très utile lorsque le timing est parfait au départ.

Termes et définitions
1. investment grade. L'expression "Investment Grade" (en français, "notation de qualité d'investissement") fait référence à la catégorie de qualité attribuée par les agences de notation aux obligations et aux émetteurs d'obligations.
2. fonds datés. Les fonds datés, également connus sous le nom d’obligations à échéance fixe ou d’obligations à date spécifique, sont…
3. High Yield ( High Yield ) L’expression “high yield”, en français “haut rendement”, est couramment utilisée dans le domaine de la finance et des…
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