Guerre en Ukraine et enjeux ESG

Ukraine | Les actualités économiques et financières

L’équipe ISR d’OFI Asset Management a identifié quatre types de risques extra-financiers et des risques et opportunités ESG au niveau sectoriel.

Le 24 février 2022 le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a enjoint le gouvernement russe à cesser immédiatement ses opérations militaires en Ukraine, jugeant cette offensive « à l’intérieur du territoire souverain de l’Ukraine » « inacceptable » mais « pas irréversible ».

Un mois après cette invasion, à l’occasion de trois sommets extraordinaires (OTAN, UE et G7), les pays occidentaux, et notamment l’Union européenne, ont adopté une cinquième série de sanctions économiques à l’encontre de la Russie.

Bien que les entreprises qui ont des filiales ou unités de production en Russie ne soient pas contraintes de quitter le pays ou de cesser leurs activités, elles font l’objet de nombreuses critiques depuis plusieurs semaines. Des entreprises à l’instar de TotalEnergies* ou de Renault* ont d’ailleurs publiquement réagi et annoncé des cessations partielles ou totales d’achats ou de ventes.

Pour les investisseurs dont les positions sont exposées du fait des activités de ces entreprises, le conflit en Ukraine met en exergue plusieurs types des risques extra-financiers liés à des enjeux ESG.

Notre rôle d’investisseur responsable implique de ne pas contribuer aux violations de droits humains par le biais des entreprises qui opèrent dans des pays à risque en raison d’un conflit armé. Du côté des émetteurs, les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme publiés en 2011 par le Haut-Commissariat pour les droits de l’homme des Nations Unies leur fournissent un cadre pour mener une surveillance accrue de leurs activités dans ce type de situation.

À travers la collecte et l’analyse des controverses des émetteurs, l’équipe ISR d’OFI Asset Management a identifié quatre types de risques extra-financiers auxquels ces émetteurs sont exposés et sur lesquels elle se base pour assurer un suivi des pratiques des émetteurs européens opérant en Russie et des réponses mises en place dans ce contexte de guerre. Une lettre sera envoyée aux émetteurs les plus exposés afin de les questionner sur la gestion de ces quatre risques, et le cas échéant, en fonction de l’évolution du contexte et des pratiques, la notation de ces émetteurs pourra être ajustée en conséquence au cours de l’année 2022.

Les risques extra financiers mis en exergue par le conflit

1 – Un risque lié au capital humain de l’entreprise, notamment au regard du respect des droits fondamentaux des salariés et des fournisseurs qui opèrent en Russie. Notre rôle d’investisseur est de s’assurer que les entreprises mettent en oeuvre toutes les diligences nécessaires pour garantir le respect de ces droits et prévenir toute atteinte à ces droits. La France a adopté une loi sur devoir de vigilance en 2017 qui a pour objectif de remettre le respect des droits humains au coeur des préoccupations des multinationales. Celles-ci doivent établir et publier un plan de vigilance pour prévenir les risques en matière d’environnement, de droits humains mais aussi de corruption sur leurs propres activités mais aussi celles de leurs filiales, sous-traitants et fournisseurs, en France comme à l’étranger.
À titre d’exemple, TotalEnergies* a été interpellé à plusieurs reprises par des ONG, telles que Greenpeace et les Amis de la Terre ou encore Sherpa, sur ses opérations au Myanmar pour ses liens avec la junte birmane, ou encore à propos d’un projet pétrolier en Ouganda pour violations des droits humains (expropriations forcées, intimidations…) et dommages environnementaux (atteinte à la biodiversité, et des ressources en eaux, impacts climatiques).
En ce qui concerne le conflit en Ukraine, nous interrogerons ces émetteurs sur leur politique de vigilance afin de suivre leurs actions dans les prochaines semaines.

2 – Un risque légal accru lié à des faits de corruption : la Russie est déjà exposée à ce risque et critiquée pour les liens étroits existant entre les personnes issues du milieu des affaires avec le gouvernement, l’armée ou certaines personnalités politiques. Le conflit actuel renforce les craintes que des entreprises présentes dans le pays adoptent ce type d’agissement pour continuer à exercer leur activité.
Par le passé, il y eu plusieurs exemples d’entreprises dont les pratiques ont été décriées dans des situations de conflit. C’est le cas du cimentier Lafarge* poursuivi pour complicité de crimes pour l’humanité pour avoir passé des accords financiers avec l’organisation terroriste États islamiques et des commerçants qui lui étaient liés pour continuer de fabriquer et de vendre du ciment en Syrie en 2014. Plus récemment, le 27 février 2022, le journal Le Monde a rendu publique l’enquête du Consortium International de Journalistes d’Investigation (ICIJ) qui mettait en lumière l’implication du géant suédois des Télécommunications Ericsson* dans des faits de corruption, pots de vins et conflits d’intérêts, notamment en Irak.

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