Investisseurs : “la stratégie de la pieuvre”

Photo de Jon Tyson sur Unsplash

La pieuvre est un animal fascinant. Doté de neuf cerveaux (un dans son corps et huit dans ses tentacules) et de trois cœurs, ce céphalopode possède 500 millions d’années d’avance sur l’être humain. Il est capable de presque tout dans le milieu aquatique que ce soit quand il faut se cacher dans des endroits apparemment plus exigus que sa taille ou quand il faut s’adonner à la prédation.

Les marchés financiers s’avèrent aujourd’hui complexes avec un nouveau  profil. L’investisseur doit rentrer dans un cadre où il se sent à l’étroit. Les taux sont élevés (taux dix ans US à 4,3%, taux dix ans français 3,1%), le Brent affiche un prix du baril à 85$ et la croissance économique cahote en Chine et en Europe.

L’inflation recule mais demeure à des niveaux élevés pour un consommateur qui risque de faire face à des resserrements budgétaires malgré les dénégations des gouvernements (tout au moins en Europe). Enfin, la guerre en Ukraine crée des déséquilibres massifs dans l’approvisionnement des matières premières mondiales outre les pertes humaines et matérielles tristes et considérables.

Ainsi, les marchés actions tergiversent depuis trois mois sans réelle direction. Le CAC 40 affiche pourtant une performance enviable depuis le début de l’année (+11,7%grâce à son moteur sectoriel représenté par les valeurs du luxe (LVMH, Hermès). Les marchés actions américains divergent. L’indice des valeurs technologiques (NASDAQperforme de manière massive (+29,8%tandis que le Dow Jones affiche une maigre performance de 2,9%. Apple réalise une performance de plus de 35% depuis le début de l’année.

Alors comme la pieuvre, l’investisseur va devoir d’abord aller chercher de bonnes idées en étirant toutes ses « tentacules » sur les marchés actions, sur les marchés obligataires ou sur les produits structurés. Dans l’immobilier et le non coté, les valorisations sont nettement en baisse ce qui peut donner des idées d’achat à bon compte, mais le contexte va rester mauvais. La patience est donc de mise pour acheter des valeurs à la casse, selon le bon principe de ne pas attraper un couteau qui tombe (falling knife). Il faudra aussi qu’il se contorsionne pour rentrer dans ce nouveau « bocal » monétaire et économique qui n’a pas que des désavantages puisque la trésorerie court terme et sécurisée rapporte des rendements confortables.

Si l’investisseur ne possède pas huit tentacules, il possède un dilemme à deux branches : réconcilier et équilibrer à tout moment l’appât du gain avec l’angoisse de perte en évitant de finir en friture comme le destin de ces pieuvres sur les tables des estaminets du pourtour méditerranéen.

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L’Espresso des marchés du 06 Septembre 2023
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