« L’invasion de l’Ukraine par la Russie pourrait avoir des effets importants sur l’économie mondiale et l’économie américaine. L’ampleur et la persistance de ces effets restent très incertaines et dépendent d’événements encore à venir. » J. Powell
Hasard du calendrier, nous avons eu l’occasion d’assister ce mois-ci à la 43ème conférence annuelle des investisseurs institutionnels de Raymond James aux États-Unis. 273 entreprises issues d’un large éventail d’industries y ont commenté les tendances actuelles. Et plus important pour les marchés, les sociétés ont mis à jour leurs projections afin de prendre en compte les conséquences économiques sur leurs coûts et activités liées au conflit entre la Russie et l’Ukraine.
- De prime abord, le constat est unanime : la demande est supérieure à l’offre. Dans l’ensemble, la demande a continué d’impressionner positivement depuis le pic de l‘Omicron à la mi-janvier, en particulier dans les secteurs liés à la ” réouverture ” tels que les compagnies aériennes, les restaurants, l’hébergement, où les niveaux de demande semblent s’être redressés pour atteindre les niveaux les plus élevés depuis le début de la pandémie.
- Les chaînes d’approvisionnement vont être tendues pendant une bonne partie de l’année 2022 et probablement plus longtemps pour de nombreux secteurs, car la plupart des entreprises n’ont mentionné qu’une amélioration modeste, voire inexistante, du stress de la chaîne d’approvisionnement. Autrement dit, le moment où l’offre et la demande s’équilibrent ne cesse d’être repoussé dans tous les secteurs. Il faudrait un effort herculéen pour que les stocks retrouvent leur niveau tendanciel avant 2025.
- Le conflit Russie-Ukraine semble loin vu des États-Unis. Nous y étions une semaine après le déclenchement de l’opération militaire russe et de nombreuses discussions tournaient autour de l’opération militaire mais l’implication directe sur l’économie américaine n’était pas de mise. Les États-Unis sont aujourd’hui bien mieux placés pour résister aux chocs pétroliers étant non seulement le premier producteur mondial mais aussi bénéficiant d’une économie bien moins gourmande que dans les années 70.
Contrairement à l’Europe où l’enjeu sociétal et le stress restent présents, les interrogations portaient plus sur les augmentations des prix des matières premières et leur impact futur sur les fondamentaux. L’impact économique direct n’est donc pas au cœur du sujet comme en Europe. La croissance endémique américaine semble robuste. Certes, la Russie est l’un des plus grands producteurs de matières premières au monde et l’Ukraine est également un producteur clé de plusieurs matières premières, notamment le blé et le néon, qui est utilisé dans la production de puces informatiques. Outre les effets directs de la hausse des prix mondiaux du pétrole et des matières premières, l’invasion et les événements connexes sont susceptibles de freiner l’activité économique et de perturber davantage les chaînes d’approvisionnement.