La guerre en Ukraine continue d’alimenter les incertitudes

Guerre-Ukraine-Russie | Les actualités économiques et financières
  • Politique et géopolitique : Les combats se poursuivent en Ukraine avec une intensification des bombardements russes. Ajoutant à l’anxiété, les autorités ukrainiennes ont annoncé que les forces russes auraient bombardé une centrale nucléaire, la plus importante du pays à Zaporizhzhia. En même temps, les discussions entre les deux camps se sont poursuivies, mais peu de progrès vers une résolution semblent avoir été faits car la Russie continue son offensive. En revanche, les deux pays auraient mis en place un couloir humanitaire afin d’évacuer les blessés.
  • Il semble clair que le Kremlin veut accélérer la prise de contrôle du pays. Les militaires russes auraient déjà pris le contrôle de certaines villes dans le sud. Néanmoins, étand donné la violence de l’intervention, les perte humaines, l’exode que cette guerre provoque, on voit mal comment la Russie va pouvoir, sur la durée, assurer le calme dans le pays avec l’animosité que le pouvoir russe est en train de créer dans une population meurtrie. En outre, les sanctions économiques que subit d’ores et déjà, la Russie vont assurément commencer à peser sur sa population comme jamais par le passé, déstabilisant potentiellement le pouvoir au Kremlin.
  • Quoi qu’il en soit, à très court terme, les incertitudes sur l’approvisionnement en énergie de l’économie mondiale et dans d’autres matières premières dans lesquelles la Russie joue un rôle important, continuent de générer une grande inquiétude et rendent difficile le retour au calme sur les marchés.
  • Marchés : La guerre en Ukraine reste un élément essentiel dans la fragilité actuelle des marchés. Les tensions que la guerre crée sur les matières premières alimentent les craintes d’un affaiblissement plus important que ce qui était anticipé de l’économie mondiale. Évidemment, l’Europe reste la région la plus pénalisée, car les impacts potentiels, notamment les contraintes dans son approvisionnement en énergie, sont les plus préoccupants.
  • De fait, toute statistique qui vient alimenter ces craintes sur la croissance semble être prise comme une nouvelle source d’inquiétude. Ainsi, la poursuite de la décélération de l’activité dans le secteur des services aux Etats-Unis pendant le mois de février, alors qu’on pouvait s’attendre à un rebond, est venue fragiliser la dynamique d’accélération de l’activité américaine après l’épisode de l’Omicron. Cette faiblesse n’est pas liée à la situation de guerre actuelle, mais semble bien due aux conséquences toujours présentes de la vague de contagions des mois précédents sur les activités de service. En outre, l’enquête de l’ISM révèle que, les tensions sur les prix persistent, alors que les pénuries de main d’œuvre sont toujours une contrainte sur l’activité. Ces tensions devraient pousser la Fed à maintenir sa trajectoire de resserrement, comme indiqué par Jay Powell devant le Congrès, mais compliquent son discours dans un contexte international devenu bien plus incertain que préalablement. Les chiffres de l’emploi attendus aujourd’hui nous dirons plus sur la dynamique du marché du travail. Tout prête à croire que les créations d’emplois se sont poursuivies à bonne allure, mais nous avons appris par le passé comment les épisodes de contagions peuvent venir perturber ses évolutions. Nous savons que tout « mauvais » chiffre, vu les circonstances, risques d’exacerber la volatilité, déjà très élevée.

La guerre en Ukraine fait toujours rage. Les forces russes ont accentué les attaques en envoyant des renforts en hommes et matériel. Les bombardements continuent sur les grandes villes, notamment Kiev. En outre, le conflit armé, est venu nous rappeler que l’Ukraine est un des pays où l’énergie nucléaire joue un rôle fondamental, avec le bombardement de la principale centrale nucléaire du pays à Zaporizhzhia (fournissant selon les informations dont nous disposons, près de 20% de l’électricité du pays). Apparemment, l’incendie provoque par l’attaque aurait été maîtrisé.

L’escalade dans la violence n’est évidemment pas de nature à calmer l’anxiété qui domine sur les marchés. Celle-ci continue de se manifester avec force par le maintien de prix très élevés sur nombre de matières premières, dont évidemment, le pétrole.

Ces niveaux de prix contribuent à alimenter les craintes sur la croissance mondiale. En effet, les prix de nombreuses matières premières depuis le début d’année ont progressé de manière spectaculaire, touchant certes l’énergie, mais aussi les métaux et de nombreuses denrées agricoles. Ceci devrait venir exercer une pression supplémentaire sur des évolutions des prix déjà conséquents (l’inflation aux Etats-Unis comme en Europe est au plus haut depuis des décennies), et donc pourrait peser davantage sur le pouvoir d’achat des ménages et les coûts pour les entreprises.

Pour l’instant, il est difficile de voir la dynamique de croissance être complétement cassée par ces évolutions, mais évidemment elle risque d’être affaiblie.

Ceci explique en partie, l’anxiété qui règne toujours sur les marchés, avec les indices de volatilité à des niveaux très élevés.

Seule, une résolution de la guerre pourrait rapidement ramener une accalmie rapide. Mais, pour l’instant, ceci ne semble pas vraiment être le cas. Néanmoins, nous pensons toujours qu’une résolution dans un avenir proche (quelques semaines, mois ?) reste le plus probable compte des forces en présence. Mais, l’incertitude reste très grande et on se doit de conserver notre prudence.

Évidemment dans ce contexte de forte anxiété, tout chiffre alimentant les craintes sur la croissance ne peut qu’alimenter la nervosité. Ce fut le cas du mauvais chiffre sur l’activité dans les services aux Etats-Unis pour le mois de février. Ainsi, l’enquête ISM sur les services a de nouveau déçu en s’inscrivant en baisse pour le 3e mois d’affilé.

Ce chiffre n’inclut pas vraiment les craintes que peut susciter la guerre en Ukraine. Il semble plutôt refléter les conséquences plus durables qu’attendues de l’épisode de très fortes contagions amené par le variant Omicron. Aussi, même si nous avons toujours une baisse, l’indice reste à un niveau relativement élevé, indiquant que l’activité reste solide.

Nous pensons, qu’un rebond devrait avoir lieu au mois de mars avec une dissipation presque totale des effets des contagions, même si la forte montée des prix de l’énergie pourrait jouer à leur tour un rôle de ralentissement. Ainsi, ceci continue à militer pour une croissance du PIB au 1T22 faible.

Soulignons tout de même que l’inquiétude persiste sur les contraintes qui pèsent sur l’offre. En effet, les entreprises dans les services continuent de mettre en avant les hausses de coûts qu’elles subissent ainsi que les difficultés de recrutement. Ceci se traduit toujours, par exemple, par des délais de livraison toujours élevés.

Les tensions qui perdurent sur le système productif américain, alimentant des hausses des prix, ainsi qu’un marché du travail qui reste tendu, devrait continuer à pousser la Fed à agir afin d’atténuer ces tensions en essayant de calmer la demande. Néanmoins, la situation engendrée par la guerre en Ukraine poussera sûrement la Fed à la prudence dans les semaines et mois à venir.

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