Quel est donc ce syndrome qui toucherait près d’un quart des Français en 2023[1] ? Il s’agit de l’éco-anxiété[2], un terme né dans les années 1990 et entré dans le dictionnaire au printemps dernier, qui décrit l’angoisse de ceux qui s’inquiètent de la crise écologique globale et de ses conséquences. Une réelle problématique de santé publique, selon Martin Hirsch, ancien directeur général des Hôpitaux de Paris. D’où vient ce nouveau mal ? Quels en sont les conséquences et les remèdes ? Autant de questions auxquelles nous allons essayer de répondre.
Comprendre le mal
Depuis plusieurs années, ce phénomène mondialisé s’amplifie. Un nombre croissant de citoyens sont en proie à l’éco-anxiété, au point d’affecter leur santé mentale et leur qualité de vie. On observe une pluralité de syndromes qui peuvent aller d’une simple inquiétude face au changement climatique à de profonds états dépressifs. Cette ‘’dépression verte’’ touche toutes les catégories sociales et économiques, avec une surreprésentation des jeunes, qui se saisissent de plus en plus des questions environnementales. Craintes pour l’avenir, sentiment d’impuissance et difficultés à se projeter dans un monde en proie aux catastrophes naturelles font partie intégrante de cette pathologie bien souvent incomprise et facteur d’isolement.
Les racines du mal
« On ne naît pas éco-anxieux, on le devient en prenant conscience de la situation » explique le docteur Alice Desbiolles dans son ouvrage dédié à ce phénomène[3]. Il est vrai que les constats des scientifiques sont de plus en plus alarmants et que les impacts du changement climatique (canicules, incendies…) sont de plus en plus forts et visibles. Face à l’ampleur de la situation, les éco-anxieux ont du mal à se projeter dans l’avenir. Ils perdent espoir en l’impact de leurs actions, face à des politiques publiques trop timides et faisant souvent l’impasse sur la justice sociale. Une détresse compréhensible quand on sait que la probabilité de limiter l’augmentation des températures mondiales à 1,5°C s’éloigne dangereusement chaque jour. In fine, l’éco-anxiété ne serait-elle pas une réaction normale face à une réalité anormale ?