Le Private Equity se (re)fait doucement une place dans l’épargne des Français

Private Equity

Avec la suppression de l’impôt sur la fortune en 2018, les levées de fonds sur les véhicules d’investissements FCPI (Fonds Commun de Placement dans l’Innovation) et FIP (Fonds d’Investissement de Proximité), destinés aux particuliers, ont drastiquement chuté, passant d’un milliard d’euros en 2017 à 355 millions l’année d’après. Et pour cause, la popularité de ces placements était directement liée à l’avantage fiscal réduisant le montant de l’ISF pour les investisseurs.

Si l’attractivité des FCPI et FIP n’a pas encore regagné sa popularité d’antan, le Private Equity à tout de même su se faire une place dans l’épargne des Français en 2021, en récoltant un montant record de 4.3 Mds€, soit 2.5 fois plus qu’en 2020 selon France Invest, le représentant du Private Equity en France. Ces levées ont surtout été portées par les souscriptions des family offices qui triplent la mise à 1.7Mds €, ainsi que par les souscriptions à des fonds non-professionnels.

Toujours d’après les études communiquées par France Invest, le premier semestre 2022 poursuit cette dynamique avec 1.9 Mds€ souscrits, c’est 17% de plus qu’à la même période l’année d’avant. Les chiffres sur l’année complète n’ont cependant pas encore été communiqués.

Des produits d’investissement plus accessibles

En décembre dernier, Bpifrance annonçait la clôture de son fonds FCPR (Fonds commun de placement à risque) Entreprises 2, destiné à des investisseurs non-professionnels. Le bilan est plus que satisfaisant pour la Bpi qui récoltera 100 millions d’euros auprès de 7000 particuliers, soit près du double du nombre de souscripteurs qu’avait attiré le fonds Entreprises 1 lancé en 2021, soulignant ainsi l’appétence des investisseurs non-professionnels pour cette classe d’actifs. Une appétence justifiée notamment par un ticket d’entrée à 3 000€ contre 5 000€ pour la précédente génération.

La stratégie de distribution multicanale joue aussi un rôle dans l’attractivité de ces solutions pour les particuliers. Il y a encore quelques années, il fallait vous rapprocher d’un courtier en assurances qui se proposait de placer pour vous votre épargne dans le Private Equity. Aujourd’hui, il est possible d’investir directement en quelques clics à travers les plateformes mises en place par les sociétés de gestion. Dans le cas de Bpifrance, c’est 22 M€ qui ont été levés via leur plateforme en ligne.

Des zones de floues sur la gestion des fonds

Si les rendements affichés par les sociétés de gestion peuvent paraître attrayants aux premiers abords, le prélèvement de frais de gestion et le flou qui persiste sur le carried interest, et autres rémunérations perçues par les intermédiaires, demeure un frein pour les petits porteurs.

D’abord, il existe des disparités sur les frais de gestion selon les gestionnaires. En moyenne, ces frais s’élèvent à 3% ou 4% par an, ce qui, sur une période de détention de plusieurs années représente un montant conséquent, particulièrement sur des petits montants.

Aussi, les fonds engagés sont bloqués pour une période de 7 à 10 ans. Même si ces montants peuvent être débloqués en cas de perte d’emploi ou de décès, certains gestionnaires appliquent des frais supplémentaires lors de la sortie anticipée. Cette rigidité peut en dissuader plus d’un sachant que les Français sont habitués à des placements plus souples.

Enfin, il y a le carried interest qui correspond à la prime de surperformance que touche l’équipe d’investissement quand un véhicule d’investissement est en phase de plus-value. Le carried est donc une manière d’aligner les intérêts des investisseurs, avec ceux de l’équipe de gestion. Similaire pour tous les fonds, cette prime de performance représente 20% du bénéfice total engrangé par les désinvestissements.

Si tout cela ne représente pas un frein substantiel pour les institutionnels qui continuent d’injecter des milliards d’euros dans ces fonds, l’opacité de ces pratiques et le mystère qui demeure autour de cette industrie est un obstacle de taille qui continue de se dresser entre les Français et le Private Equity.    

Par Amir Perez pour Fibee

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