S’il est possible que la publication de mars ait marqué le point haut de l’inflation, la composante cœur (hors énergie et alimentation) en hausse de 0.6% sur le mois et de 6.2% sur un an reste la préoccupation principale de la Fed. Notamment l’extension de la hausse des prix des biens vers les services (+0.7% mensuellement, au plus haut depuis 1990) fait craindre une inflation durablement trop élevée. La mesure médiane de différents indicateurs cœurs affiche toujours une tendance haussière et un niveau absolu mensuel de 0.5% (graphique 1). Nous suivrons avec attention la publication le 27 mai du Personal Consumption Expenditures Price Index (PCE), un des indicateurs clés utilisé par la Fed.
En l’état, les commentaires des membres de la Réserve fédérale continuent à rythmer le sentiment de marché. Les chiffres publiés cette semaine ne semblent toutefois pas faire pencher la Fed vers une hausse de 75 points de base en juin. Jerome Powell, le directeur de la Fed, a confirmé prévoir deux hausses de 50 points de base en juin et en juillet.
Sur les marchés, nous notons l’apparition de certains signaux de capitulation : le dégonflement des actifs les plus spéculatifs (valeurs non profitables de la technologies, cryptomonnaies) qui ont effacé la quasi-totalité de leur envolée depuis mars 2020. Le rallye obligataire de cette semaine atteste également de l’inquiétude des investisseurs. Dans ce contexte d’extrême pessimisme des investisseurs, que nous illustrons ci-dessous (graphique 2) par l’indice composite Fear & Greed de CNN, et alors même que le marché américain a touché le seuil des 20% de baisse en séance, nous pourrions observer un rebond technique des marchés d’actions.
Pour autant, dans cette phase de normalisation de la politique monétaire, la valorisation du marché américain pondéré par les capitalisations reste encore élevée avec un ratio cours sur bénéfices (P/E) de 17.5x (graphique 3). Le marché américain reste donc fragile de ce point de vue, et notamment les grandes sociétés gagnantes du cycle précédent.
Du point de vue de l’allocation d’actifs, la prudence continue à s’imposer avec un pilier macro toujours fragile et une visibilité limitée sur les développements des semaines à venir. Au regard du contexte inflationniste, il nous apparait encore prématuré de revenir sur les obligations d’état alors que les niveaux de taux réels sont encore loin d’être normalisés, même si les taux longs nominaux américains, maintenant aux alentours de 3%, peuvent apparaitre plus attractifs.
Nous avons toutefois tactiquement relevé les expositions actions en cette fin de semaine pour accompagner un potentiel rebond technique, en cohérence avec les objectifs de risque de nos différents fonds.