Le retour en grâce d’un marché européen délaissé ?

Mais qui pour acheter des actions européennes ?

Il est vrai que la question fait maintenant sourire, compte tenu des anticipations de la plupart des analystes. En 2022, l’appétence pour la vieille Europe était faible. La faute à la guerre en Ukraine en premier lieu mais aussi à une Banque Centrale Européenne ayant décidé de lutter coûte que coûte contre une inflation galopante. 

Depuis 2016, les fonds européens ont vu disparaître plus de 400 milliards d’encours. Le référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union Européenne a eu un impact. La défiance envers les actifs européens n’a cessé d’augmenter.  

Début décembre, lors de nos perspectives 2023, nous écrivions que la récession en Europe était inévitable avec une forte hétérogénéité à l’intérieur de la zone. Deux pays focalisaient toutes les attentions : l’Allemagne et l’Italie, dont le tissu industriel était particulièrement touché par les risques de pénurie énergétique. 

Nous avions prévu pour 2023 une récession de l’ordre de -0.3% sur l’année. Les températures hivernales particulièrement douces et les efforts consentis par l’Europe en matière de consommation énergétique ont fait chuter les prix du gaz et les réserves s’étoffent à des niveaux suffisants pour écarter le risque d’une crise énergétique. C’est au tour de nos estimations sur l’Europe d’être révisées à la hausse suite à la baisse des prix du gaz.  

Bref, nous ne tablons plus sur une récession en Europe en 2023 grâce à une dynamique de croissance plus résiliente fin 2022. La série de bonnes surprises s’est poursuivie lorsque l’office statistique allemand (Statistisches Bundesamt) a annoncé que l’économie allemande avait stagné au lieu de se contracter au quatrième trimestre.

Prix du gaz en Europe
Sources : Bloomberg, Groupe Richelieu 

Au niveau énergétique

Toutes les mesures pour limiter la consommation d’électricité, les températures clémentes et les faibles importations de GNL (Gaz naturel Liquéfié) en Chine font que les stocks de gaz restent anormalement élevés en Europe (90 % vs moyenne historique de 65 %). La menace d’une crise énergétique sur les 9 prochains mois n’est plus d’actualité, les prix du gaz se sont effondrés et les augmentations auprès des particuliers semblent désormais derrière nous. Le spectre de la pénurie d’énergie s’éloigne en zone euro. Grâce aux mesures de sobriété déployées dans tous les pays et à la douceur de l’automne et de l’hiver, le risque de connaître une pénurie d’énergie a significativement diminué en Europe, ce qui écarte également les risques de grave récession sur le vieux continent. En effet, les stocks de gaz se sont récemment stabilisés sur des niveaux élevés, à 90 %, ce qui constitue une « marge de sécurité » pour cet hiver et le prochain. En Allemagne, il n’y aura pas de rupture d’approvisionnement même en cas de baisse brutale des températures selon les estimations. De plus, le pays devrait être en mesure de reconstituer ses stocks pour passer l’hiver prochain, même dans l’hypothèse où la Russie couperait totalement ses exportations vers l’Europe. Ces propos rassurants font écho à ceux de RTE (gestionnaire du réseau de transport d’électricité français) qui a également indiqué que la situation continuait de s’améliorer en France pour la production d’électricité alors que la consommation est en recul de 10 %. Les deux principales économies de la zone euro, qui auraient pu manquer d’électricité pour l’une et de gaz pour l’autre, voient donc les menaces de pénurie se réduire, ce qui a renforcé l’appétit pour le risque en ce début d’année sur les marchés financiers. La situation économique a profité de la réduction des risques extrêmes. La relance liée à la crise énergétique a été doublée depuis septembre pour s’établir à un niveau proche de 4,5% du PIB pour l’ensemble de la zone euro, et ce sans compter un éventuel plan de soutien européen à destination de l’industrie en préparation pour contrecarrer l’Inflation Reduction Act aux Etats-Unis (discussions à suivre lors du prochain Conseil européen début février).

Niveaux de stockage de Gaz 
Source : Bloomberg

Cependant, la seule baisse du prix du gaz ne suffirait pas à infléchir l’opinion négative sur les actifs européens. C’est aussi une réouverture plus précoce de la Chine qui change la donne. 

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