L’emploi américain fait de la résistance

  • La saga sur le plafond de la dette publique aux Etats-Unis s’est finalement terminée comme prévu. Un accord a été trouvé. Les deux chambres du Parlement ont soutenu le projet, qui est devenu loi après que le Président Biden ait apposé sa signature samedi. Jusqu’au début 2025 on n’entendra plus parler du plafond. L’accord inclus notamment des limites sur les dépenses pendant deux ans, et d’autres mesures symboliques pour les Républicains, comme l’extension de l’âge à partir duquel on ne doit pas justifier des heures travaillées pour recevoir certaines aides sociales (on passera de 49 ans à 54 ans progressivement). Aussi, Le Républicains réduisent les ressources qui étaient allouées aux Services des impôts pour réduire la fraude et seront levées les contraintes pour certains projets énergétiques.  Au total, l’impact estimée par l’Agence indépendante du Congrès (CBO) est une réduction du déficit de 1523 milliards de dollars d’ici 20230. Pour cette année l’impact est négligeable (4,4 milliards de dollars de déficit en moins), comme pour 2024 (-70 milliards de dollars). Bref, l’impact économique sera très faible. Toutefois, la disparation de ce nuage a aidé la prise de risque sur les marchés, avec notamment les actions américaines toujours portées par la technologie.
  • En même temps, les investisseurs restent rivés sur l’état de la conjoncture, et la réponse de celle-ci, dans les grands pays, au resserrement monétaire. Les données d’emploi à partir de l’enquête auprès des entreprises ont encore surpris à la hausse aux Etats-Unis. En effet, près de 340 mille emplois ont été créés en mai, contre moins de 200 mille attendus. Les créations d’emplois ont de nouveau été assez généralisées, avec le secteur manufacturier montrant la dynamique la moins favorable. Néanmoins, l’enquête auprès des ménages a donné une tonalité un peu moins favorable, car elle a mis en avant des destructions d’emploi importantes, ce qui s’est traduit par une hausse du taux de chômage à 3,7% à partir de 3,4% le mois précédent. Toutefois, ces différences entre les deux enquêtes ont été communes au cours de la période récent et jusqu’ici l’enquête auprès des entreprises semble avoir donné la bonne trajectoire. Du côté de l’impact sur les salaires, avec un marché du travail qui reste tendu, on constate que les salaires n’ont que très légèrement décéléré (4,3% en glissement annuel et 0,3% sur le mois). Au total, malgré leur caractère mitigé, ces statistiques continuent de montrer un marché du travail tendu, ne permettant pas d’espérer une diminution rapide des tensions inflationnistes. Mais, pour nous, elles ne devraient pas changer l’avis des nombreux membres du comité de politiques monétaire de la Fed de faire une pause lors de la réunion de la semaine prochaine. Le comité aura aussi à sa disposition les statistiques d’inflation pour le mois de mai, qui devraient aider le comité à déterminer sa décision. Pour nous, le risque reste encore haussier sur les taux directeurs. Néanmoins, à ce stade nous maintenons le scénario de taux inchangés jusqu’à au moins début 2024, gardant donc une politique restrictive de manière durable. 
  • Jusqu’ici la baisse de l’inflation doit beaucoup au déclin des prix des matières premières, et notamment du prix du pétrole. Celui-ci reste proche des plus bas depuis plus d’un an, et ceci malgré les coupes successives des pays de l’Opep[1]. Ce weekend, l’Arabie Saoudite a surpris par l’annonce d’une réduction unilatérale de sa production de 1 million de barils jour à partir de juillet afin de soutenir les prix.  Les autres pays de l’organisation ne réduiraient pas leur production. Quel impact peut avoir cette baisse ? A court terme, elle devrait sûrement donner une légère impulsion aux prix. Néanmoins, le marché semble maintenant convaincu que la demande mondiale pourrait rester bien plus faible qu’attendue au début de l’année. Outre la relative faiblesse de l’activité dans les grands pays, il y a surtout les perspectives de reprise économiques en Chine qui sont vues nettement moins porteuses qu’anticipé. Nous pensons que le prix du pétrole pourrait se stabiliser à un niveau plus élevé que les cours actuels avec les limitations de l’offre et une demande qui devrait tout de même se redresser, notamment en provenance de Chine.
  • Les doutes sur la force de la reprise chinoise persistent. Néanmoins, la dernière enquête PMI[2] (CAXIN) pour les services a confirmé que le secteur continue de porter l’activité avec une légère accélération en mai. Les effets de l’ouverture après la phase de restriction de mouvements associée à la politique de Covid-Zéro restent le moteur essentiel de la reprise, même si comme on l’a constaté la semaine dernière le secteur manufacturier semble très graduellement reprendre la direction de l’expansion. On attend plus de mesures de stimulation du gouvernement pour soutenir l’activité, mais le consensus est toujours pour une impulsion modérée. 

L’économie américaine continue de créer des emplois de manière vive, en surprenant les anticipations des analystes. Ainsi, en mai, de nouveau, le nombre de postes de travail créés a dépassé assez largement les anticipations. Le gain a été de 339 mille emplois supplémentaires, dont 283 mille dans le secteur privé, soit plus de 100 mille de plus que prévu.

Selon l’enquête auprès des entreprises, les créations d’emplois ont concerné l’ensemble des secteurs de l’économie, avec seulement le secteur manufacturier en retrait, ce qui est cohérent avec la faiblesse de l’activité industrielle.

En même temps, l’enquête auprès des ménages, a donné une dynamique un peu différente en indiquant que plus de 300 milles emplois auraient été détruits sur le mois. Ceci s’est traduit par une hausse du taux de chômage à 3,7% à partir du plus bas historique depuis plus de 50 ans du mois précédent à 3,4%.

Fig. 1  Etats-Unis : Le taux de chômage remonte très légèrement, mais reste toujours proche des plus bas historiques.

 

La différence de message entre l’enquête auprès des ménages et auprès des entreprises n’est pas une situation nouvelle. On l’a vu à plusieurs reprises au cours de la dernière année. Néanmoins, sur la période, l’enquête auprès des ménages s’est avérée plus volatile et a souvent rattrapé l’enquête auprès des entreprises. Le fait que les statistiques sur les demandes d’indemnisation chômage restent assez faibles, même si en hausse par rapport à l’année dernière et au début d’année, semble affaiblir l’idée que des nombreux emplois ont été détruits sur le dernier mois. 

Termes et définitions
1. OPEP ( Opep ) L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) est une organisation intergouvernementale qui regroupe 12 pays producteurs de pétrole…
2. PMI ( PMI ) L'indice PMI (Purchasing Managers' Index) est un indicateur mensuel qui mesure la performance des secteurs de l'industrie manufacturière et des services.
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