Points clés
- Les prévisions actualisées de la BCE indiquent une atténuation des pressions inflationnistes et une croissance du PIB de 1% en 2023
- Tout en travaillant à maintenir la stabilité financière, la BCE poursuit son combat contre l’inflation : l’inflation sous-jacente reste élevée et la croissance des salaires a atteint un niveau record
- L’infrastructure politique et fiscale de l’UE évolue au fil des crises. Durant la crise de la dette souveraine, la pandémie de Covid et la guerre en Ukraine, l’UE a démontré sa capacité d’adaptation
- L’euro devrait s’apprécier par rapport au dollar, l’amélioration des termes de l’échange et les flux d’investissement soutenant la demande. Nous anticipons un taux de change EUR/USD de 1,10 et 1,12 sur trois et douze mois.
Quiconque a pris un bus à Berlin ou déambulé sur les pavés de Paris la semaine dernière serait tenté de conclure que l’économie européenne est en difficulté. Alors que l’inflation fait mal au porte-monnaie des consommateurs européens, les syndicats réagissent en réclamant des augmentations de salaire ou en contestant le relèvement de l’âge de la retraite. Pourtant, à maints égards, l’économie européenne semble en bonne santé et ses institutions s’adaptent.
Le 16 mars, lors de sa dernière réunion de politique monétaire, la Banque centrale européenne a persisté dans sa décision de relever son taux directeur de 50 points de base, à 3,5 %. Quelques jours seulement après l’effondrement de banques régionales américaines, dont la Silicon Valley Bank, et en plein questionnement concernant l’avenir de Credit Suisse Group, la BCE a abandonné sa formule sur la nécessité d’augmenter les taux d’intérêt « à un rythme régulier ». Au lieu de quoi, elle a réitéré sa promesse d’offrir de la liquidité aux banques si nécessaire.
Les prévisions actualisées de la BCE ont retenu peu d’attention. La banque centrale prévoit désormais un ralentissement de l’inflation dans les 20 pays de la zone euro, à 5,3 % en 2023 et à 2,9 % en 2024, tandis que le produit intérieur brut (PIB) devrait s’améliorer pour atteindre 1%. La semaine dernière, ces perspectives ont été soutenues par les données indiquant que la hausse des prix à la consommation dans la zone euro s’était ralentie à 6,9 % en mars comparativement à l’année précédente, en grande partie grâce au recul des prix de l’énergie. L’inflation des prix à la consommation en France a décéléré à 6,6 % en mars, son premier fléchissement depuis décembre 2022. En Allemagne, les prix ont également ralenti à 7,4 %. En Espagne, l’indice des prix à la consommation a presque diminué de moitié en mars, passant de 6 % en février à 3,3 % actuellement, en glissement annuel.
Les prix de base poursuivent leur hausse
Cependant, ce tableau peut s’avérer trompeur. Si l’on exclut les composantes volatiles, telles que l’alimentation et le recul des prix de l’énergie, l’inflation dite « de base », qui représente la tendance à long terme des prix sous-jacents des biens et des services, a augmenté de 5,7 % en mars dans la zone euro comparativement à l’année précédente. L’inflation sous-jacente est bien sûr un indicateur retardé, mais elle est conforme à la croissance des salaires de la zone, qui poursuivent leur ascension. En effet, les hausses de salaire ont atteint un rythme annualisé record de 5,7 % au cours des trois derniers mois de 2022, ce qui pourrait renforcer l’inflation à moyen terme. Du fait que les salaires alimentent l’inflation, leur croissance est un indicateur clé aussi bien pour la BCE que pour la Réserve fédérale. Tant qu’elle ne ralentira pas et que le chômage n’augmentera pas par rapport à son bas niveau record de 6,6 % en mars, il est peu probable que la pression sur les prix s’atténue de manière significative.
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