L’attitude hawkish[1] des banques centrales a provoqué une quasi-panique sur les marchés obligataires. La Riksbank suédoise a été la première à relever son taux directeur d’un point de pourcentage en septembre. Elle a été suivie par des hausses de 0,75 point par la Fed et la Banque centrale européenne et par une hausse de 0,50 point par la Banque d’Angleterre. Dans leurs exposés, les banques centrales ont souligné qu’elles continueraient à relever leurs taux jusqu’à ce que l’inflation soit jugulée et repoussée sous son niveau cible.
L’économie américaine continue d’afficher une vigueur satisfaisante, de sorte que les anticipations concernant l’évolution des taux ont été ajustées à la hausse. Au Royaume-Uni, les réductions d’impôts du nouveau gouvernement ont effrayé le marché, et il est à craindre qu’elles ne compliquent la lutte de la Banque d’Angleterre contre l’inflation.
Dans la zone euro, il n’y a aucun signe d’apaisement de la crise énergétique et les pressions inflationnistes devraient se poursuivre. Le taux d’inflation de la zone euro a atteint 10,0 % en septembre.
Le taux d’intérêt américain à 10 ans a dépassé le niveau de 4 % et, après une hausse de 0,65 point de pourcentage en septembre, il a terminé à 3,78 %. Le taux d’intérêt allemand à 10 ans a augmenté de 0,68 point de pourcentage pour atteindre 2,22 %.
L’euro s’est déprécié par rapport au dollar, de plus de 5 % au maximum, et a terminé sous la parité à 0,97. La Banque du Japon a eu recours à des achats de soutien alors que le yen se dépréciait rapidement par rapport au dollar.
L’indice Stoxx et l’indice S&P 500 ont tous deux chuté d’environ 8 % en septembre, et le marché boursier américain a sombré dans un marché baissier, c’est-à-dire 20 % en dessous des précédents sommets.
Les marchés sont également secoués par les risques politiques
En Suède, le parti de droite des Démocrates de Suède (SD) a réalisé une percée très importante lors des élections législatives, devenant ainsi le deuxième plus grand parti du pays. Les autres partis suédois ont de l’aversion pour le SD et les négociations sur la formation d’un cabinet devraient être difficiles.
Un glissement vers la droite a également eu lieu en Italie où Fratelli d’Italia, dirigé par Giorgia Meloni, a remporté les élections législatives. Le nouveau cabinet devrait être composé de partis d’extrême droite, et l’effet de cette situation sur les politiques du pays est une source d’inquiétude. Le spread de rendement entre l’Italie et l’Allemagne à 10 ans s’est élargi et a atteint les mêmes sommets qu’au premier semestre de l’année.
En Grande-Bretagne, une nouvelle Première ministre est entrée en fonction lorsque le parti conservateur a élu Liz Truss à sa tête. Elle a entamé son mandat en fanfare avec sa politique économique dite Trussonomics, qui a été rejetée par le marché.
Le développement de la guerre en Ukraine a également suscité des inquiétudes lorsque la Russie a annexé des territoires occupés et menacé de recourir à l’arme nucléaire. Les relations entre les pays occidentaux et la Russie se sont aggravées avec les interdictions d’entrée sur leur territoire imposées par de nombreux pays aux citoyens russes et par le sabotage du gazoduc Nord Stream.
Les prévisions de croissance mondiale ont été revues à la baisse
Les incertitudes mondiales ont incité de nombreux économistes à revoir à la baisse leurs prévisions économiques. L’OCDE[2] prévoit que la croissance économique mondiale sera de 3 % pour l’année en cours et de 2,2 % en 2023.
L’OCDE prévoit que la croissance économique des États-Unis sera de 0,5 % et celle de la zone euro de 0,25 % en 2023. La croissance économique de la Chine sera de 3,2 %, la plus faible depuis les années 1970.
Pendant l’hiver, le risque de contraction économique sera élevé en Europe. L’impact économique des chocs sur les prix de l’énergie et des denrées alimentaires pourrait même dépasser 1%.
La confiance des industriels et des consommateurs ainsi que le sentiment du marché ont tous atteint des planchers. Si une récession arrive, elle ne devrait plus surprendre personne.