Les indices pondérés par les capitalisations boursières demeurent le standard de l’industrie de la gestion. Pourtant, la forte concentration de ces indices autour de quelques valeurs-phares représente un risque significatif, particulièrement lorsque ces valeurs perdent le leadership structurel du marché. La méthode de l’équipondération permet de minimiser ce risque, ce qui sied particulièrement bien aux investisseurs et épargnants qui visent une véritable diversification internationale de leurs portefeuilles.
La grande majorité des gérants se compare à un indice presque toujours pondéré par les capitalisations boursières disponibles (le « flottant »), comme le CAC 40, l’Euro Stoxx 50 ou le MSCI Monde. Cette approche se justifie par le fait que chaque gestion est sensée se comparer au portefeuille détenu dans son univers de valeurs. L’approche a cependant quelques inconvénients.
Les gérants sont en effet souvent conduits à pondérer leurs portefeuilles non pas seulement en fonction de l’attractivité qu’ils attribuent à chaque société, mais d’abord en fonction de leur capitalisation flottante. Et si l’indice de référence est très concentré sur un petit nombre de valeurs-phares (GAFAM aux Etats-Unis, champions du luxe en France), les risques spécifiques deviennent importants.
Cet inconvénient est devenu majeur, l’indice MSCI monde devenant de plus en plus concentré à partir du milieu des années 2010 (graphique 1). Aujourd’hui, les 10 premières valeurs du MSCI monde pèsent pour 18,6% de l’indice, contre 9,4% en 2014. Dans un portefeuille parfaitement équipondéré, les dix premières valeurs ne représenteraient que 0,66% de l’indice (10 divisé par 1508 valeurs).
Les investisseurs utilisant souvent la gestion internationale pour diversifier leur portefeuille, la forte concentration du MSCI Monde pose donc de sérieux problèmes. La fin possible du leadership des GAFAM, par exemple, risque de coûter cher. A l’inverse, la référence à un indice équipondéré permet d’obtenir la plus grande diversification possible par société (minimisation du risque spécifique). Elle permet aussi d‘améliorer considérablement le niveau de diversification par régions (graphique 2), par pays et par secteurs. Alors que le MSCI Monde est constitué aux deux tiers par des valeurs américaines, le même indice équipondéré fait tomber le poids des Etats-Unis à 40%, au profit de l’Asie (23%, grâce au Japon surtout mais aussi l’Australie, Hong-Kong et Singapour) et de l’Europe (29%). Au niveau des secteurs, le gain en diversification est aussi très sensible, l’écart entre le plus petit et le plus gros secteur se réduisant nettement avec l’équipondération.
Mais la méthode de l’équipondération possède aussi un autre mérite. Le rebalancement régulier des portefeuilles, nécessaire pour assurer le maintien de l’équipondération, revient à prendre des profits sur les valeurs qui ont le plus monté, et à racheter à meilleur compte celles qui ont le plus baissé. Sur longue période, il a été démontré que cette stratégie « contraire » améliore la performance (cf : « Plyakha Y Uppal R Vilkov G « Why Does an Equal Weighted Portfolio Outperform Value and Price Weighted Portfolios », EDHEC, March 2012 »). C’est une des raisons pour lesquelles le MSCI Monde équipondéré a, bon an mal an, surperformé le MSCI Monde classique au cours des vingt dernières années. Notons cependant que la gestion et le rebalancement de portefeuilles comportant un grand nombre de valeurs supportent des coûts, même si ceux-ci ont considérablement baissé au cours des deux dernières décennies. Ces coûts peuvent cependant être minimisés par la méthode dite de « l’échantillonnage stratifié » qui permet de répliquer le comportement de l’indice avec un panier nettement plus réduit que les 1500 valeurs du MSCI Monde.
Ce process de gestion est celui que suit la gamme de fonds globaux de Dorval AM (Global Conviction et Global Conviction Patrimoine). Grâce à un panier-cœur de 200 valeurs équipondérées réparties dans toutes les régions et dans tous les secteurs, nous assurons une très grande diversification, et donc une forte réduction des risques spécifiques. Avec la remise en cause actuelle du leadership des GAFAM, la méthode permet d’avoir une exposition à la fois plus mesurée, moins concentrée et moins chère (PER plus bas) au marché américain. Depuis trois ans, et particulièrement au cours des dernières mois, l’équipondération permet aussi une moindre volatilité par rapport au MSCI Monde classique (graphique 4). Cet avantage en termes de volatilité ressemble un peu à ce qui s’était passé au début des année 2000, quand le leadership des « TMT » s’était évanoui. Cette période s’était caractérisée par une meilleure performance et une moindre volatilité des portefeuilles internationaux équipondérés par rapport au MSCI Monde classique. Nous constatons à peu près la même chose aujourd’hui.
Positionnement actuel : dans nos fonds flexibles globaux nous maintenons une exposition assez élevée au marché des actions. Nous privilégions les thèmes de la transition énergétique (panier de 40 valeurs équipondérées), de la baisse du risque européen (petites valeurs) et des marchés émergents. Nous avons une position longue sur les obligations américaines à 10 ans afin de couvrir une partie des risques de volatilité des actions qu’engendreraient une possible récession américaine au premier semestre. Nous continuons à engranger un rendement monétaire croissant en gérant très activement la partie cash de nos portefeuilles.