- Les marchés financiers français et européens rebondissent légèrement après les résultats du premier tour des élections présidentielles françaises. L’Euro est en hausse de 0,1% et l’écart de taux à 10 ans entre la France et l’Allemagne à 50pb ce matin contre 55pb vendredi. Les actions françaises devraient légèrement surperformer aujourd’hui, en particulier les financières.
- Les investisseurs, en particulier étrangers, sont rassurés que le deuxième tour oppose les candidats attendus (Macron vs Le Pen), que Macron arrive nettement en tête avec une avance plus élevée qu’attendue (à 27,6% contre 23,5% pour Le Pen) et qu’il n’y ait pas de dynamique plus forte qu’anticipée des candidats d’extrême droite.
- Cela dit, les marchés ne doivent pas être complaisants, car la probabilité d’une élection de Le Pen est limitée, mais loin d’être nulle, et reste inchangée après les résultats du premier tour. Au final, nous continuons de penser que la volatilité sur les actifs français devrait rester élevée jusqu’au deuxième tour dans deux semaines, sachant que même leur potentiel de baisse est plus limité qu’en 2017.
- Au-delà de l’élection française, l’environnement macro n’est pas très porteur pour les dettes souveraines européennes selon nous. Le risque de stagflation[1] persiste avec l’intensification de la guerre dans l’Est de l’Ukraine et des sanctions de l’Union européenne touchant désormais les importations d’énergie. De plus, la BCE devrait confirmer jeudi la fin de ses achats d’actifs d’ici l’été. Cela impliquerait une forte hausse des émissions de dette à absorber par les marchés à partir de mai et ouvrirait la voie à une première hausse de taux depuis plus de dix ans durant la seconde partie de l’année. Au total, nous sous-pondérons les titres souverains européens, en particulier les plus risqués.
Les investisseurs, en particulier étrangers, sont rassurés par les résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Si Mélenchon fait beaucoup mieux qu’attendu, confirmant la forte dynamique entrevue dans les derniers sondages, le deuxième tour opposera bien les deux candidats attendus, Macron et Le Pen. Par ailleurs, Macron arrive nettement en tête avec une avance plus élevée qu’attendue. Il obtient 27,6%, 1,5pt de plus que dans les derniers sondages et plus que les 24% obtenu en 2017. Enfin, il n’y a pas eu de forte surprise concernant les candidats d’extrême droite, Le Pen obtenant comme prévu par les sondages 23,5% des voix et Zemmour faisant moins bien qu’attendu.
Cela dit, l’incertitude pour le deuxième tour reste aussi élevée qu’avant le premier. Les raisons qui nous faisaient dire la semaine dernière que les chances d’élection de Le Pen étaient faibles, mais, contrairement à 2017, non-négligeables, sont toujours là (sa bonne campagne, son positionnement moins extrême et l’absence du fameux plafond de verre). Les premiers sondages réalisés après le premier tour montrent un avantage assez limité pour Macron qui est dans la marge d’erreur, loin des plus de 60% qu’indiquaient les sondages réalisés au même moment il y a cinq ans.
Au total, nous pensons que la probabilité d’une élection de Le Pen est limitée, mais loin d’être nulle, et qu’elle n’a pas vraiment changée après les résultats du premier tour des élections. Nous continuons donc de penser que la volatilité sur les actifs français pourrait rester élevée dans les deux prochaines semaines, même leur potentiel de baisse est plus limité qu’en 2017.
Le risque de stagflation continue de progresser en Europe. L’Union européenne a durci les sanctions sur la Russie la semaine dernière et continue de travailler sur de nouvelles sanctions, ce qui ne devrait pas s’arrêter à court terme alors que l’armée russe prépare une offensive plus intense dans l’Est de l’Ukraine. Surtout, ces sanctions ont commencé à cibler les importations d’énergie russe, avec l’annonce la semaine dernière d’un embargo sur les importations de charbon qui sera mis en place d’ici août. Ces dernières auront un impact limité, le charbon représentant moins de 10% des sources d’énergie pour l’Europe et qui est d’autant plus produit en interne. Mais le risque d’une escalade des sanctions sur l’énergie qui pourrait touchez le gaz ou le pétrole augmente. Cela est particulièrement vrai après la publication de rapports par des organismes officiels et de think tanks qui suggèrent qu’un arrêt des importations de gaz russe aurait un impact gérable, ce dont nous doutons fortement. Notons que si les prix de l’énergie restent à leur niveau actuel, la facture énergétique pour la Zone Euro doublera en 2022, ce qui représente un choc très important.
La BCE ne devrait pas aider les dettes souveraines européennes lors de sa réunion de politique monétaire de jeudi. Malgré les risques sur les perspectives économiques, la BCE devrait confirmer la poursuite de sa stratégie de normalisation de sa politique monétaire. En effet, les derniers discours durs des membres de la BCE et la hausse des anticipations d’inflation à long terme (avec le swap d’inflation 5 ans dans 5 ans à 2,3% et une probable hausse des prévisions des économistes à 5 ans publiée vendredi au-dessus de 2%) ne plaident pas pour un changement de discours. La BCE devrait confirmer jeudi la fin de ses achats d’actifs d’ici juillet ou août. Cela impliquerait une forte hausse des émissions de dette souveraine à absorber par les marchés à partir de mai, à des plus haut depuis le début du Quantitative Easing en 2015, et ouvrirait la voie à une première hausse de taux depuis plus de dix ans durant la seconde partie de l’année. Au total et au-delà de la volatilité créée par les élections françaises, nous sous-pondérons les titres souverains européens, en particulier les plus risqués.