POINTS IMPORTANTS :
- Une dette au plafond
- L’IA mise sur Nvidia
- L’inflation accélère sa décrue
- Les marchés temporisent
LE CONTEXTE
Le mois de mai s’achève avec des évènements intéressants à analyser pour les investisseurs bien qu’ils n’aient aucun lien entre eux. Nous avons d’une part un nouvel épisode de relèvement du plafond de la dette aux États-Unis. Il a été augmenté 78 fois depuis 1960 avec toujours une issue favorable. Le suspens n’était donc pas à son comble quant à la décision finale, mais plutôt dans le chemin pour y arriver. Cela a permis de placer ce thème sur le podium des sujets traités dans la presse spécialisée du microcosme financier. Nous verrons qu’il y a tout de même des leçons à tirer de ce « non-évènement ».
Parallèlement à cela, un autre sujet a alimenté cette fois-ci non pas le doute, mais un emballement euphorique sur les marchés actions. Il s’agit de la montée en puissance de l’intelligence artificielle générative avec en porte-fanion ChatGPT. GPT signifiant “Generative Pre-trained Transformer”. C’est un modèle de langage qui a été formé sur un vaste ensemble de données pour générer un texte de type humain. Dès lors, peut-être que ce que vous lisez aujourd’hui n’est pas de ma plume (ou de mon clavier), mais le fruit d’un robot qui va me mettre bientôt au chômage… Les marchés sur les segments technologiques ont bondi avec cet emballement.
PLAFOND DE LA DETTE : ÉPISODE 79 !
Bien avant Netflix et le streaming, il y a de vieilles séries américaines que les financiers aiment bien ressortir pour jouer à se faire peur. Le plafond de la dette est l’une d’elles. La menace d’un défaut de paiement de la première économie mondiale est suffisamment grave pour inquiéter les investisseurs. Cependant la probabilité que le pays laisse ce scénario se réaliser pour des querelles politiques est très faible. Dès lors, cela a inquiété les opérateurs de marché sans vraiment faire dérailler les bourses.
Rappelons que le plafond de la dette est la limite légale du montant total de la dette fédérale que le gouvernement américain peut accumuler. Lorsque ce montant est atteint, le Congrès doit autoriser le relèvement ou la suspension de ce plafond. Les États-Unis sont la seule grande puissance économique dont le Congrès doit régulièrement voter pour relever le plafond de l’endettement public autorisé.
Cette limite, de 31 400 milliards de dollars, a en réalité été atteinte mi-janvier 2023, mais le pays a évité jusqu’ici la faillite financière grâce à des mesures temporaires. Cependant, ces mesures ne pouvaient pas durer indéfiniment, et le pays risquait de se retrouver en défaut de paiement dès le 5 juin 2023, si aucun accord n’était trouvé entre le président démocrate Joe Biden et les républicains du Congrès.
Après de longues et difficiles négociations, un accord de principe sur le relèvement du plafond a finalement été trouvé. Cet accord prévoit de relever le plafond jusqu’en 2025, en contrepartie de coupes budgétaires importantes, exigées par les républicains.
Ce nouvel opus est intéressant, car il nous montre que la vie économique à court terme est ponctuée d’évènements qui paraissent très importants et dont les conséquences pour les investisseurs sont pourtant insignifiantes. Cette histoire de plafond de la dette est un peu comme l’arme nucléaire. Les États-Unis ne se mettraient jamais en défaut volontairement de manière prolongée au risque de plonger leur économie dans le chaos. Par ailleurs, depuis 1960 et les 78 relèvements effectués, il n’y a jamais eu de krach boursier engendré par ce phénomène. Pourtant cela génère systématiquement un stress sur les marchés actions. C’est précisément ce type d’évènements que l’investisseur de long terme doit mettre à profit. Il faut utiliser ces phases de stress et de baisses pour investir. En prenant de la hauteur, l’impact sur les économies de ces épiphénomènes est nul et constitue des opportunités d’achat intéressantes.
IA, LA NOUVELLE RÉVOLUTION
L’intelligence artificielle avance à marche forcée. Elle a conquis de nouveaux utilisateurs à une vitesse jamais égalée par le passé. Cela va tellement vite que les opérateurs et investisseurs sont pris de cours. Personne ne sait aujourd’hui déterminer la profondeur des bouleversements qu’elle va entraîner.
De fait, c’est un peu au doigt mouillé que les paris sont pris aujourd’hui pour essayer de trouver les gagnants. Pour l’heure, c’est Nvidia, le fabricant de processeurs graphiques de très haute performance qui est sur le podium. Les besoins en calculs pour l’intelligence artificielle sont énormes et le spécialiste est aujourd’hui le mieux placé pour y répondre massivement. Il entre désormais dans le club fermé des entreprises qui pèsent plus de 1 000 milliards de dollars. À titre de comparaison, l’ensemble des 40 valeurs de notre indice français le CAC40 est d’un peu plus de 2 350 milliards d’euros.
La réussite de Nvidia est intéressante à analyser, car c’est l’exemple parfait de l’entreprise qui a su accompagner et être toujours bien positionnée à chaque bouleversement numérique. Il y a eu dans un premier temps les cartes graphiques et les processeurs pour le segment des jeux vidéo. L’amélioration des puissances de calculs des ordinateurs et des jeux vidéo en 3D a dopé le succès de Nvidia.
Le fabricant a été ensuite le premier fournisseur des mineurs de cryptomonnaies. Là encore les besoins en calculs pour l’activité de minage sur la blockchain ont permis à Nvidia d’asseoir sa position de leader et de spécialise sur le secteur.
Enfin l’arrivée de l’IA devrait permettre au fabricant de changer encore de braquet et de devenir un géant au même titre que les Apple, Google, Amazon, Microsoft, Tesla…
C’est un sujet passionnant que nous allons suivre de près. Nous sommes convaincus qu’il va permettre de bouleverser également le métier de la gestion d’actif. L’investisseur institutionnel comme l’investisseur particulier pourront en tirer profit.
L’INFLATION, UN PROBLÈME PERSISTANT QUI S’AMÉLIORE.
Nous reparlons chaque mois un peu de l’inflation, mais c’est un marqueur très important actuellement pour piloter les décisions d’investissement. L’inflation détermine l’évolution des politiques monétaires et donc des taux. Les taux déterminent par l’intermédiaire de la prime de risque le prix des actions…
Nous avons une bonne nouvelle, la décrue se poursuit et le rythme est un peu plus favorable que le mois précédent (graphique ci-dessous). J’apporte néanmoins une précision à une question qui me revient souvent. Pourquoi lorsque l’inflation passe de 7% (avril) à 6.1% (mai), les prix ne baissent-ils pas ?
Tout simplement, car un recul de l’inflation ne signifie pas une baisse des prix, mais une augmentation des prix moins forte… C’est un détail qui est majeur. Les prix augmentent toujours, mais à un rythme moins important !
INFLATION EN ZONE EURO
LES MARCHÉS TEMPORISENT
Nous pourrions parler aujourd’hui de deux types de marchés actions : les grands gagnants et les autres…
D’une part nous avons les gagnants européens qui ont poussé les grands indices. Ce sont nos valeurs du luxe : Kering, LVMH, L’Oréal, Hermès. Aux États-Unis nous avons toutes les grandes valeurs Tech que nous avons citées : Amazon, Google, Méta, Microsoft, Nvidia, Apple et quelques autres que l’on retrouve dans le NASDAQ. Ces géants cristallisent aujourd’hui l’intégralité des performances des indices actions des grandes places boursières.
Dans l’autre camp, celui des autres, on retrouve ceux dont le cours progresse légèrement, un peu, voire même qui sont en repli depuis le début de l’année.
Cette disparité pose problème, car sauf à miser sur un compartiment très restreint de valeurs déjà chèrement valorisées, le reste de la côte est relativement atone… J’entends souvent dans les discussions : « le CAC 40 est au plus haut, tout va bien pour la bourse ». C’est un raccourci très trompeur. Il faudrait plutôt convenir que le luxe est au plus haut ainsi que les valeurs technologiques. Le reste étant parfois en souffrance.
Enfin, l’Asie et particulièrement la Chine reste le mal aimé. La dynamique de la réouverture peine à se matérialiser. Il faudra certainement miser sur des plans de relance gouvernementaux pour insuffler autre chose qu’un nouveau pétard mouillé.
*Les performances passées de sont pas un bon indicateur des performances futures.
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