Commençons par les bonnes nouvelles. La correction de valorisation sur les marchés des actions laisse désormais apparaitre des opportunités pour les stock-pickers avec une vue long terme. Du côté des chiffres économiques, le scénario de modération reprend du poil de la bête après le coup de bambou des chiffres d’inflation américains du mois de mai. Les permis de construire aux Etats-Unis baissent de 10% depuis leur point haut de fin 2021. Cependant, le niveau de confiance dans le secteur immobilier reste toujours élevé si l’on en juge par l’indice NAHB des constructeurs (67 en juin ce qui correspond peu ou prou au même niveau que celui du boom immobilier de 2003-2005). Modération également du côté des ventes au détail
(-0,3% en mai) notamment du fait d’une baisse de 3,5% des ventes d’automobiles. Les enquêtes de conjoncture dans le secteur manufacturier conduites par les Fed régionales dans les premiers jours du mois de juin confirment par ailleurs la réduction des tensions d’approvisionnement (graphique 3).
Autre bonne nouvelle, la BCE a réussi à reprendre le contrôle des spreads de taux entre les pays périphériques et l’Allemagne en annonçant, à l’issu d’une réunion d’urgence, la prochaine mise en place d’un outil de lutte contre la fragmentation (sans donner beaucoup de détails opérationnels à ce stade). Le spread entre le BTP italien et le Bund[2] allemand passe en quelques jours de 240 pb à 189 pb (le gouverneur de la Banque d’Italie, Ignazio Visco, a suggéré un niveau d’équilibre de 150 pb selon lui).
Du côté des moins bonnes nouvelles, les tensions autour du pétrole et du gaz ne diminuent pas. Malgré les angoisses de récession, les cours du brut restent très élevés (au-dessus de 120$ pour le Brent) sans doute alimentés par le rebond attendu de la demande chinoise et de la saison touristique des pays développés. Les prix du gaz remontent fortement du fait de la réduction drastique des livraisons de gaz, en particulier à l’Allemagne à travers le gazoduc Nord Stream (graphique 4).
Enfin, la Réserve fédérale a monté ses taux de 75 pb, soit 25 bp de plus que ce que Jerome Powell annonçait il y a encore deux semaines. Les investisseurs s’attendent désormais à des taux sur les fonds fédéraux atteignant 3,5% en fin d’année et un maximum de 3,75% au premier trimestre 2023. A court terme, ces anticipations plus agressives protègent mieux le marché contre de nouvelles fortes hausses de taux. A moyen terme, cependant, il faudra s’assurer que l’inflation sous-jacente[1] s’oriente bien sur le chemin plutôt optimiste des prévisions de la Fed et du consensus des économistes (graphique 5). Sinon, des taux nettement plus élevés seront nécessaires pour briser l’inflation. Les primes de risque sur les taux ne sont donc peut-être pas encore suffisantes étant donné l’incertitude sur la croissance et l’inflation futures.