Les marchés financiers sont désormais confrontés à un “cocktail” d’effets adverses : la perspective d’un ralentissement marqué dans l’industrie, la forte valorisation des marchés actions et la poursuite du resserrement des politiques monétaires conventionnelles et non conventionnelles. Cette combinaison est rarement “digérée” sans des phases de tension sur les actifs risqués.
Les plus récentes publications économiques peuvent donner l’impression d’une résilience des économies face à la guerre en Ukraine et à la situation sanitaire en Asie. Cependant, nous pensons qu’il ne faut pas être complaisant, et ce à trois égards. D’abord, les indicateurs les plus avancés suggèrent une possibilité de récession dans l’industrie mondiale. Ensuite, la normalisation sur les taux d’intérêt est susceptible de peser sur l’immobilier et sur les actions, avec le risque qu’un effet-richesse négatif provoque à terme un ajustement de la consommation aux États-Unis. Enfin, la pression monte sur les banques centrales qui seront confrontées à une schizophrénie croissante entre les risques baissiers sur la croissance et les risques haussiers sur l’inflation.
Les dernières enquêtes de conjoncture ont montré que les indices de climat des affaires restaient dans l’ensemble sur des niveaux élevés, que ce soit dans la construction, les services et l’industrie. Cependant, quand on regarde de plus près les enquêtes auprès des industriels, les composantes les plus avancées suggèrent un fort ralentissement à venir dans l’industrie. En Allemagne, la composante anticipations de l’enquête IFO auprès des industriels (courbe violette sur le graphique 1) annonce une forte baisse du climat des affaires en Zone euro. Aux États-Unis, la contraction de l’écart entre les composantes Commandes et les Stocks de l’enquête ISM (courbe verte sur le graphique 2) envoie également un signal négatif. Un point ne fait pas la tendance, mais ces indicateurs les plus avancés suggèrent une possibilité de récession dans l’industrie mondiale.