Obligations : Long et Bon !

Le prix des obligations baisse quand les taux montent. Si j’ai entre les mains un papier A qui me verse 3% par an, et que demain sort un papier B qui verse 4% par an, il faut que le prix du papier A baisse pour que les 3% représentent un rendement de 4% sur le nouveau prix.

Plus l’échéance de cette obligation est longue, plus cet effet est fort. Pour donner un exemple, un détenteur d’une obligation à dix ans de la première capitalisation française -LVMH- a perdu 20% en 2022 quand les taux sont montés à 3%.

Malgré ce que disaient les banquiers centraux, on pouvait quand même imaginer que les taux étant au plus bas de toute leur histoire, le risque qu’ils montent n’était pas nul. Et même nettement plus important après les injections massives de liquidités pour contrer le COVID.

Ci-dessous vous avez l’évolution des masses monétaires publiées par le Center For Financial Stability début 2021.

Ce graphique ce sont les masses monétaires. Schématiquement si la quantité d’argent dans le système augmente plus vite que la quantité de biens/services, les prix montent. Le titre de leur publication de fin d’année était: “Préparez vous, l’inflation de masse arrive.” En tant qu’investisseur, surtout pas le moment d’avoir des obligations longues. Ceux qui en avaient ont souffert en 2022.

Voici le même graphique avec les données d’aujourd’hui:

Leur message aujourd’hui: “Les banques centrales ne se rendent pas compte qu’elles serrent trop fort.”

Si la tendance sur ce graphique est à l’envers du précécent, cela milite pour des prix plus bas.

Si ça serre fort, c’est la récession donc moins de demande, donc des prix plus bas.

C’est tout sauf une science exacte mais je vois peu de scénarios avec une inflation beaucoup plus haute. Donc les taux longs ne devraient pas monter beaucoup plus. Et surtout, dès que les signaux d’inflation vont se calmer, les banques centrales vont essayer de rabaisser leurs taux. Car comme le disait Raghuram Rajan (le seul économiste du FMI a avoir annoncé la bulle des subprimes): “Si en tant que banquier central vous ne baissez pas les taux alors que l’inflation est maîtrisée, vous serez soupconné de ne pas appliquer un stimulus à l’économie qui pourrait l’être.”

Donc il est temps regarder sérieusement à rentrer des obligations longues dans les portefeuilles mais attention: il faudra être d’une sélectivité extrême. Les taux longs ne monteront peut-être pas beaucoup plus, mais juste s’ils restent là, il y a un ensemble d’acteurs qui tenaient avec des taux à zéro et qui disparaîtront avec des taux à 3%. Donc du long et du bon, c’est ça qu’il faut chercher.

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