Alors que l’économie américaine présentait des signes de dégradation au printemps, l’activité fait preuve de résistance. En parallèle, l’inflation a nettement ralenti depuis ses points hauts. Ce contexte alimente l’idée qu’un atterrissage en douceur de l’économie américaine est possible. L’expansion économique va-t-elle perdurer au cours des prochains mois ? Les banques centrales vont-elles poursuivre leur cycle de hausse de taux ? Quelles sont les classes d’actifs à privilégier ?
Etats-Unis : une économie qui résiste mais des signes de faiblesse
Après une dégradation de l’économie au printemps, l’activité a fait preuve de résistance. Celle-ci est liée notamment à la consommation des ménages (graphique 1). Nous considérons malgré tout que l’activité économique présente des signes de fragilités.
Le marché de l’emploi commence à se retourner. L’accélération des inscriptions hebdomadaires au chômage du printemps ne s’est pas poursuivie mais d’autres indicateurs tels que le taux de chômage se dégradent (graphique 2). Historiquement, lorsque le marché du travail commence à ralentir, cette tendance se poursuit jusqu’à basculer en récession.
Une poursuite de ce mouvement pourrait exercer une pression sur la consommation. D’autant que le matelas d’épargne constitué par les ménages durant le Covid est en train de s’épuiser (graphique 3) et que la fin du moratoire sur les prêts étudiants aura également un impact négatif. À terme, les ménages devront normaliser leur taux d’épargne (3,5% actuellement contre 7,5% en moyenne avant le Covid), ce qui pèsera sur la consommation.
Le rebond de la construction résidentielle a également constitué un facteur de résistance. Celui-ci nous semble toutefois fragile dans un environnement de hausse des taux d’intérêt.
Par ailleurs, l’économie américaine n’a pas fini d’absorber les conséquences du resserrement monétaire, qui produit généralement ses effets avec des délais de 12 à 18 mois. Or, il y a un an, les taux étaient à 2,5% contre 5,5% actuellement. La décélération du crédit a déjà atteint une ampleur similaire à celle observée lors des récessions (graphique 4).
Le scénario le plus probable selon nous reste celui d’un basculement de l’économie américaine en récession. Si celle-ci maintient sa croissance à un rythme soutenu, la Fed devrait de nouveau monter ses taux en raison de l’inflation, provoquant une récession. L’inflation globale a ralenti mais les prix des services restent sur une tendance trop élevée pour lui permettre de revenir vers la cible de la Fed. Malgré la résistance actuelle, le scénario du « soft landing[1] », nous semble très peu probable.