Pour ce verrier, des marges record portées par une gestion opérationnelle de grande qualité 

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L’augmentation des prix de l’énergie a été principalement influencée en 2022 par une conjonction de facteurs, parmi lesquels la reprise économique postpandémie, les contraintes d’approvisionnement et les pressions géopolitiques, notamment sur les énergies fossiles. Cela a entraîné une hausse significative des coûts de production dans de nombreuses industries.

L’envolée des coûts du verre a été spectaculaire. Sa production est particulièrement énergivore parce qu’elle nécessite de porter la matière en fusion. En plus des défis liés aux coûts de production, le secteur a également été témoin d’une augmentation de la demande pour les produits verriers. Cette demande a été stimulée à la fois par l’accent croissant sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) et par la dynamique toujours soutenue de la construction qui bénéficie d’investissements importants en infrastructure dans de nombreux pays européens. De plus, la montée des prix de l’énergie a forcé la fermeture de capacités de production de certains acteurs à l’instar de Duralex, qui n’était plus rentable, tandis que certains fours ont également été fermés à cause de la guerre en Ukraine.

Point d’inflexion sur les prix du verre

Source :https://tradingeconomics.com/european-union/producer-prices-in-industry-manufacture-of-glass-glass-products-eurostat-data.html

Cette envolée des prix du verre a donc permis de répercuter aux clients finaux la hausse générale des coûts de production. Aujourd’hui, les prix de l’énergie ont largement baissé. L’efficacité opérationnelle est de nouveau un élément clé dans le maintien de la compétitivité de chaque acteur.

Si la dynamique actuelle devait se poursuivre, l’industriel italien Zignago Vetro pourrait profiter pleinement de la situation selon Victor Bally-Bérard, analyste financier buy-side chez Gay-Lussac Gestion.

Un point d’inflexion qui remet la pression sur les volumes

La dynamique du secteur du verre fut très favorable au premier semestre, portée principalement par l’effet prix. Les entreprises spécialisées dans le verre ont affiché des résultats solides au premier semestre, à l’image de Zignago Vetro qui a, une nouvelle fois, produit des résultats supérieurs aux attentes du marché. La croissance bénéficiaire du groupe a ainsi été révisée en hausse à 30% par le consensus pour l’année 2023. De plus, les dirigeants ont multiplié les rachats d’actions depuis le début d’année, symbole de la confiance accrue qu’ils portent actuellement à l’entreprise.

Cependant, le momentum du secteur a connu une forte dégradation due à plusieurs facteurs. Tout d’abord, bien que les volumes soient ressortis supérieurs au second trimestre, le ralentissement de la demande semble plus marqué pour Gay-Lussac Gestion. La hausse de volume s’expliquerait, que ce soit pour Zignago Vetro ou son concurrent français Verallia, par des reconstitutions de stocks. Le ralentissement de la demande, quant à lui, provient d’un début de baisse des prix du verre, avec un point d’inflexion marqué au mois d’avril. Il y aurait donc une anticipation de réduction des prix par les clients, ce qui pourrait expliquer l’attentisme que rencontre le secteur. Pour autant, le secteur devrait atteindre son pic de rentabilité en 2023 grâce à une normalisation progressive des coûts.

Un positionnement stratégique sur le secteur

Zignago Vetro est un spécialiste de l’emballage en verre pour l’industrie de la cosmétique et parfumerie et pour le secteur agro-alimentaire. La première continue d’afficher une dynamique solide, sans signe apparent de ralentissement à ce stade de l’année. En revanche, le secteur de l’agroalimentaire a commencé à ralentir au deuxième trimestre. Le spectre d’une poursuite de baisse des prix au second semestre semble entraîner des décalages stratégiques dans les commandes. Concernant les concurrents, Verallia a enregistré une baisse de 5 % au premier trimestre et Vidrala de 3 %. Pour Zignago Vetro, les volumes ont chuté de 3 à 4 %, en ligne avec le marché. Pour Gay-Lussac Gestion, cette baisse s’explique principalement par la reconstitution des stocks car, à la fin 2022, le groupe disposait de 1,6 mois de stock contre 3 mois historiquement, ce qui l’a incité à conserver 15 000 tonnes de verre au premier trimestre pour préserver sa flexibilité. Malgré les inquiétudes actuelles sur le secteur, plusieurs clients comme Barilla et L’Oréal ont renégocié leurs contrats en prévoyant une augmentation des volumes de 5 % pour 2024.

La baisse des prix et des volumes paraît bien intégrée par le marché. Pour autant, les marges seront à un niveau record. Zignago Vetro devrait ainsi conserver une marge bénéficiaire favorable sur ses ventes et profiter des baisses du prix de l’énergie.  Pour le second semestre, le groupe anticipe une baisse de prix de 7 %, ce qui devrait avoir un impact relativement limité sur la marge d’EBITDA, maintenant celle-ci entre 27,5 % et 28 % pour l’ensemble de l’année 2023 selon les estimations de la société de gestion. De plus, pour 2023, Zignago Vetro a couvert les deux tiers de ses besoins en énergie, un niveau qui correspond à sa visibilité sur les volumes. Il n’y a cependant aucune couverture en place pour 2024, car il n’y a pas encore de visibilité suffisante sur l’ampleur du ralentissement de la demande. Il est probable que les prix spot seront inférieurs à ceux des contrats à terme, en ligne avec 2023.

En ce qui concerne l’allocation du capital, pour 2023, Zignago Vetro sort d’un cycle d’investissement important, où le groupe a particulièrement insisté sur ses efforts environnementaux. Il n’y a pas de projets de croissance majeurs en cours, de sorte que les dépenses en capital devraient diminuer de manière significative par rapport à l’année précédente (71 millions d’euros en 2022 contre 35 millions d’euros en 2023). Un flux de trésorerie supplémentaire serait donc disponible.

Les dirigeants prévoient une génération de trésorerie totale d’environ 120 millions d’euros en 2023, ce qui devrait permettre au groupe de maintenir sa politique de versement de dividendes (60 % de taux de distribution, soit un dividende élevé pour cette année) et d’allouer 50 millions d’euros à la croissance externe. L’objectif du groupe est de se concentrer sur des cibles d’acquisition qui ouvrent de nouvelles perspectives géographiques ou de nouveaux créneaux de marché. De plus, le groupe vient de racheter pour 2 millions d’euros de ses propres actions à un cours moyen de 15,3 euros.

Pour Victor Bally-Bérard, analyste buy-side chez Gay-Lussac Gestion, le cours de Zignago Vetro semble se situer à un point d’entrée intéressant et la valorisation ne reflète pas encore la qualité intrinsèque du groupe. L’analyste estime que les cours actuels ne prennent pas suffisamment en compte le potentiel du second semestre alors que les fondamentaux solides du groupe devraient lui permettre d’affronter le ralentissement de la demande. Par ailleurs, le titre se traite actuellement en-dessous des multiples historiques.

Si la thèse développée par Gay-Lussac Gestion était confirmée, le cours pourrait dépasser les 18 euros. Gay-Lussac Gestion croit au potentiel de cette valeur et précise qu’elle détient ce titre dans certains fonds de sa gamme.

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