L’inflation semble être maîtrisée, cependant, nous assistons à une décélération lente et continue de la hausse des prix aux États-Unis. Le resserrement monétaire semble toucher à sa fin. La hausse des prix des biens a connu une décélération assez marquée depuis plus d’un an, en commençant par celles des matières premières et des produits énergétiques. Une inflation persistante est largement attribuable au secteur des services, en particulier à l’augmentation des loyers. Les services de logement représentent un tiers de l’inflation. La correction du secteur immobilier devrait contribuer à modérer davantage l’inflation au deuxième semestre. À l’échelle mondiale, nous observons globalement les mêmes tendances, avec plus ou moins de variations temporelles. Tout se passe comme si la guerre menée par les banques centrales contre le fléau de l’inflation était sur le point d’être gagnée. Les marchés anticipent même des baisses de taux dès 2024, comme si nous étions sur le point de retrouver la normalité que nous connaissions.
Cependant, si nous partons du principe que l’inflation des dernières années est restée faible grâce à une mondialisation accélérée, des matières premières bon marché et une absence de conflits majeurs, l’année 2021 a marqué un certain renversement de tous ces facteurs. Le plus dur reste à faire : ramener l’inflation de 8% à 9 % à 3 % à 4 %, car les effets de base sont en action. Le passage à 1,5 % à 2 % sera certainement plus délicat. Franchir ces dernières marches risque d’être difficile, cela pourrait nécessiter un ralentissement substantiel de l’activité en raison de l’action continue et agressive des banques centrales.
Un véritable casse-tête, alors même que des investissements colossaux sont nécessaires pour assurer une transition énergétique vitale en parallèle avec des niveaux de dette équivalents. Des appels à mettre en pause les hausses de taux d’intérêt entamées par les banques centrales se multiplient.
Mais quel serait le fondement d’une telle action alors que l’objectif d’inflation inscrit dans les mandats des banques centrales est clair : 2 % ? Au cours des nombreux débats que nous avons eus ces derniers mois, de plus en plus d’économistes, d’universitaires ou d’investisseurs discutent de l’objectif d’inflation inscrit dans les mandats des banques centrales. Le dogme des 2 % semblait être acquis depuis de nombreuses années et constitue le fondement même des modèles de politique monétaire de toutes les grandes banques centrales.
En zone euro, par exemple, la question pouvait sembler sans intérêt avant 2021. Depuis les années 2000, nous sommes passés d’une longue période d’inflation stable ou proche de 2 % à une période proche de 1 % où le risque de déflation était constant.