« Rien n’est possible sans les hommes, rien n’est durable sans les institutions » nous rappelle Jean Monnet, à la fois le « père » de la planification à la française et l’un des fondateurs de ce qui est devenu l’Union Européenne. Hervé s’en va et l’Eco du matin, le bref commentaire aujourd’hui trihebdomadaire de La Banque Postale Asset Management, demeure.
Alexandre Dumas, dans « Vingt ans après » nous décrit un monde politique secoué par la Fronde (en France et au milieu du XVIIème siècle, la révolte des Grands du royaume qui s’opposent à la montée de l’autorité monarchique). Paul Verlaine, dans la « Chanson d’automne » fait le portrait du poète maudit, « confronté à un sort qui lui est contraire et balloté dans un monde qui lui est hostile ». Y a-t-il ici une résonance dont les ondes viendraient jusqu’à nous ?
Oui et non. Oui, au moins en partie, car il n’aura pas fallu vingt ans, mais plutôt sept, pour que les marchés se rendent compte que le « confort » d’un environnement, très largement dicté par l’économie au cours des quelques décennies précédentes, laissait place à quelque chose de plus rugueux et de moins saisissable. Le focus sur l’« infrastructure » (au sens de Marx) ne suffit plus ; il devient nécessaire d’intégrer les mouvements qui traversent les « superstructures » (dans une définition très large, qui recouvrirait tout ce qui n’est pas de l’ordre de l’économique). Comment réagir au terrorisme, à l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, au Brexit, à la rivalité grandissante entre la Chine et les Etats-Unis, à l’épidémie de COVID ou à la guerre en Ukraine ? L’investisseur dispose-t-il des outils pour le faire ?
Cela fait sept ans (en fait un tout petit peu plus) que je prends la plume pour vous écrire l’Eco du matin. Je ne l’ai pas fait seul. Je veux saluer ici mes compères successifs, Stéphane Déo, Sebastian Paris Horvitz et tout récemment Xavier Chapard ; sans oublier à quelques occasions Karl Eychenne. Vous avez devant vous le dernier texte que je signe sous ce timbre. Je vous annonce que « je m’en vais ». Mais nous sommes au printemps et pas en automne. Je ne suis ni poète, ni maudit, et ne me sens pas victime d’un monde qui me serait hostile. Je veux que la vie soit belle et j’ai la conviction que nous avons tous un rôle à jouer pour qu’elle le soit, pour soi et pour les autres. La référence à Verlaine doit donc être prise comme une image inversée au travers du miroir.
J’ai presque 66 ans et il est le moment, au moins je le ressens, de vivre et de travailler autrement. Il y a ma famille (avec mes petites-filles !), la Bretagne, les engagements associatifs et tout le reste, dont les amis, la lecture et la découverte de tout ce qu’on ne connaît pas ; il y a aussi une forte aspiration à continuer de faire de la recherche économique appliquée, mais en prenant plus de recul, c’est-à-dire en étant moins dans l’immédiateté. Je m’y essaie (je m’y emploie ?) depuis quelques mois. Je trouve que cela me réussit plutôt. Les idées viennent assez vite et les angles un peu originaux sont trouvés sans trop de peine, à défaut d’être suffisamment nombreux. Pourvu que cela dure ! Pour ceux qui auraient envie de continuer à me lire, vous me pisterez sans peine ; mais dans un secteur d’activité qui n’est pas celui de la gestion d’actifs ou des marchés de capitaux. Si vous ne trouvez pas, mes camarades de LBPAM vous guideront ; j’en suis sûr.
A toutes et tous, tous mes vœux de réussite et de bonheur pour cette vie devant ; c’est elle qui compte le plus.