Ce n’est pas peu dire que le streaming s’est totalement infiltré dans nos vies ces dernières années. Qu’il soit musical ou vidéo, la plupart d’entre nous sommes des utilisateurs réguliers, si ce n’est quotidien, de services comme Apple Music, Deezer ou Prime Video.
Chacune de ces industries a son leader. Côté musique, Spotify. Côté vidéo, Netflix. Les modèles sont similaires mais pas tout à fait identiques. En particulier, Netflix possède une partie de son contenu – synonyme d’investissements importants, amortis dans le temps – alors que Spotify dépend entièrement de tiers pour la musique – synonyme de royalties à payer, proportionnellement aux écoutes. Grossièrement simplifié, on est dans une logique propriétaire vs locataire.
Spotify vient d’annoncer une augmentation de ses tarifs de l’ordre de +10%, le tarif de base passant de 10€ à 11€. Merveilleux me direz-vous, ça devrait leur permettre de sortir de l’ornière. Pas si vite.
Comme toutes les autres plateformes de streaming musical, Spotify est légalement tenu de rétribuer les ayants droit, de l’ordre de 70% de ce qu’il touche : quand vous payez 10€ à Spotify ou autres, seulement 3€ vont réellement dans sa poche. Avec ces 3€, Spotify doit 1/ payer ses salaires, son marketing, sa R&D…, et 2/ dégager une marge bénéficiaire qui « rémunérera » ses actionnaires. Pour le moment ce n’est pas le cas : encore 100m€ de résultat opérationnel (ajusté) négatif ce trimestre. Les jeux sont bien évidemment loin d’être faits – la structure d’industrie n’est pas fixée – et il est tout à fait possible que Spotify atteigne le point critique où le levier opérationnel jouera pleinement.
Revenons à notre hausse de prix. Le petit euro de hausse, qui devrait passer sans grande élasticité, va donc augmenter le CA de Spotify mais va mécaniquement rehausser sa facture auprès des artistes et majors : on passera donc de 7€ à 7,7€ pour ces derniers et de 3€ à 3,3€ pour Spotify.
En tant qu’actionnaires indirects d’UMG via notre investissement dans Pershing Square, nous saluons cette décision : après tout, « Money for nothing » est un titre qu’on aime bien écouter.