Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer les tensions obligataires de ces dernières semaines aux Etats-Unis alors même que la désinflation se poursuit. D’abord pour point de départ une courbe américaine très inversée et :
- de bonnes surprises économiques ont conduit à un recul des anticipations de récession ;
- un déficit budgétaire est maintenu à un niveau « trop » élevé (7% du PIB alors même que le taux de chômage à un point historiquement bas)
- des facteurs techniques liés à la reprise des émissions d’obligations (anticipation d’excès d’offre)
- des craintes de reprise de l’inflation avec la hausse des salaires réels des ménages au second semestre.
Toujours est-il que ce mouvement que l’on peut qualifier de normalisation au regard du contexte économique a ramené les taux américains à des niveaux comparables à ceux des années 2000, niveaux bien supérieurs à ceux des années de « stagnation séculaire » post crise financière de 2008.
Est-ce suffisant ? Si ces niveaux apparaissent plus cohérents/compatibles avec les perspectives d’atterrissage de l’activité économique qui se dessinent actuellement dans les pays développés, la consolidation pourrait malgré tout se poursuivre dans la mesure où la courbe américaine reste inversée de plus de 1%. Les observateurs seront comme toujours très attentifs aux propos des grands banquiers centraux cette semaine lors de la réunion de Jackson Hole (24-26 août). Les minutes de la Fed de juillet faisaient apparaitre un quasi-consensus pour la dernière hausse de taux de 0.25% et portant les taux américains à 5.25%-5.5%. Les majorité des membres indiquaient que le risque inflationniste restait haussier et que la demande devrait ralentir davantage pour ramener dans le temps l’inflation à sa cible de 2%. Le discours de J. Powell, le directeur de la Fed, ne devrait donc pas s’éloigner de cette tonalité, voir être même un peu plus strict, au regard de la résilience des dernières statistiques économiques.
Ce contexte fragilise temporairement le marché des actions et le sentiment des investisseurs qui ont revu leurs perspectives en hausse par rapport aux anticipations pessimistes de début d’année. En effet, les opérateurs se sont nettement réexposés sur les trois derniers mois, notamment aux valeurs cycliques en réponse à l’amélioration de leurs anticipations économiques. Les tensions obligataires pourraient faire ressurgir les craintes de ralentissement économique, voire de choc financier si elles se poursuivaient, et conduire à une consolidation plus forte des marchés.
Nous avons choisi dans nos gestions de rester à l’écart des taux sur les derniers mois du fait de leur cherté. La correction notable de ces dernières semaines pourrait nous amener à reconsidérer cette position.
Bien que vigilants quant à l’évolution des conditions financières, nous maintenons un scénario constructif sur l’activité économique. Le regain de pouvoir d’achat des ménages avec la hausse des salaires réels sur le deuxième semestre ainsi que l’approche du point bas du choc de déstockage dans l’industrie manufacturière sont des facteurs de soutien notables de la croissance à venir. Nos expositions aux actions restent donc stables.