Tranquille

La plupart des résultats du Q2 sont sortis. Je voulais vous faire un topo sur Apple, mais Shawn Tully, un des anciens de Fortune, l’a déjà fait.

“Le bénéfice net s’est élevé à 19,9 milliards de dollars, soit une baisse de 18 % par rapport au trimestre précédent. La question qui se pose encore est de savoir si les bénéfices d’Apple peuvent se stabiliser à ce niveau de près de 20 milliards de dollars par trimestre, soit environ 80 milliards de dollars par an, ou s’ils sont destinés à chuter davantage. Rappelons que 80 milliards de dollars est un chiffre spectaculaire qui dépasse déjà de 45 % la norme d’avant la pandémie. 
Mais Apple se vend à un ratio cours/bénéfice de 36. C’est beaucoup, beaucoup trop cher pour une entreprise qui ne croît pas et dont le rendement du dividende est de 0,5 %. Même en consacrant l’intégralité des flux de trésorerie aux rachats d’actions, ce qui est la règle de jeu habituelle d’Apple, on obtiendrait des gains de BPA de 3 % par an, plus l’inflation. Ce n’est pas suffisant. Pour qu’Apple devienne un bon achat, même si elle continue à gagner 80 milliards de dollars par an, son prix doit baisser considérablement.”

J’aurais écrit à peu près la même chose. Et la valorisation de la première capitalisation mondiale reflète un phénomène général : il y a eu l’avant-COVID, le COVID puis l’après COVID. Ces trois périodes reflètent des réalités économiques bien différentes : avant COVID des valorisations élevées avec des taux bas et une croissance atone ; pendant le COVID des valorisations de bulle, des taux à zéro et des chocs de demande et d’offre ; enfin aujourd’hui, après COVID, des valorisations à nouveau élevées alors que les taux sont au plus haut depuis 15 ans et que le ralentissement arrive.

Sur le ralentissement, je citais le patron de ManPower la semaine dernière, voici le titre d’un article du Financial Times sur Maers, le géant Danois des conteneurs “Maersk forecast long and deep contraction in global trade.”

Ça freine un peu partout, en particulier en Chine où le sursaut post-réouverture du COVID n’aura duré qu’un trimestre.

Sur la valorisation, vous avez le cas Apple expliqué ci-dessus. On le retrouve ailleurs : une action comme Adobe a pris 50% en 3 mois parce que AI “je ne sais quoi”.  Elle est maintenant à 50 de PE alors que sur le premier semestre ses résultats croissent de 4% seulement.

Sur les taux, il suffit de lire l’écran : US30 ans, 4%, au plus haut depuis des années.

Je vous donne un dernier signal : notre performance est bien à la traîne cette année. C’était le cas fin 2017 et fin 2019. C’est à dire à des moments où l’histoire a montré qu’il était sage de plier les gaules pour éviter l’orage. On a souvent plié les gaules un peu tôt chez Monocle, donc sur le timing suivez nous avec des pincettes. Mais sur le sens on était dans le vrai. On perçoit déjà les premiers signes de nervosité. La volatilité remonte, les mouvements sur les taux long sont violents, les moutons noirs apparaissent (Altice). Nous on a nos puts, nos valeurs refuges et peu d’actions : on est tranquille.

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Les banques centrales ont de nouveau augmenté leurs taux d’intérêt
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