Valse-hésitation sur le prix des matières premières

Pétrole | Les actualités économiques et financières
Un point bas (temporaire ?) a été atteint le lundi 7 mars sur les bourses mondiales quand le prix du baril a atteint près de 140$ dans la matinée, avant de rebaisser nettement. Les pourparlers russo-ukrainiens et les mouvements sur les marchés des matières premières (graphique 1) tiennent les investisseurs en haleine, mais l’évolution des taux d’intérêt interroge aussi.

Les économistes et analystes ont commencé à revoir à la baisse leurs prévisions de croissance des prochains trimestres, particulièrement en Europe. Sur un cours de 90$ le baril au moment où la Banque centrale européenne a fait tourner son modèle, l’institut de Francfort réduisait jeudi 10 mars ses prévisions de croissance 2022 de +4.2% à +3.7% en zone euro, soit un choc modeste. La BCE publiait cependant un scénario alternatif, dit adverse, intégrant une escalade supplémentaire des sanctions, dont des interruptions de livraisons de gaz russe à l’Europe impactant la production industrielle. Ce scénario adverse réduirait la croissance 2022 à +2.5% (et +2.7% en 2023). Nous préférons pour l’instant nous garder de choisir un scénario chiffré tant les incertitudes restent grandes. Le marché des matières premières, canal de transmission principal de la crise, reste en effet extrêmement volatil. Le marché des actions européen fluctue donc logiquement en miroir de celui des matières premières depuis le début de l’invasion russe (graphique 2).

Pour les économies comme pour les entreprises, le choc ukrainien est asymétrique. Par rapport à l’Europe, les prévisions de croissance américaine et chinoise sont moins impactées. C’est important pour Wall Street mais aussi pour les entreprises européennes, dont beaucoup sont très exposées à ces marchés. Rappelons qu’en moyenne les sociétés cotées en Europe ne font que la moitié de leur chiffre d’affaires sur le vieux continent. Les sociétés européennes exportatrices pourraient cependant être affectées si des ruptures d’approvisionnement (gaz naturel ou autre) apparaissaient.

Sur les marchés des actions aussi, le choc est fortement asymétrique. Après une sous-performance marquée en janvier, Wall Street et les cours des valeurs européennes de croissance visible ont bien résisté au choc ukrainien, pendant que les valeurs cycliques européennes, très prisées en janvier, reculaient logiquement (graphique 3). Au total depuis le début de l’année, les deux univers de valeurs – croissance visible et cycliques – ont donc chacun subi un de-rating significatif, ce qui rend la classe d’actif actions plus attractive.

Outre les évènements en Ukraine, et au-delà des rachats de positions shorts que l’on a observé ces derniers jours, il faudra cependant surveiller la capacité de résistance de l’économie américaine face à une inflation encore plus élevée. Il faudra aussi vérifier le comportement du marché face à la remontée des taux d’intérêt. Même si l’écart de valorisation considérable entre actions et obligations plaide très clairement en faveur des premières, la volonté réaffirmée des banques centrales d’en finir avec les politiques ultra-accommodantes pourrait créer de nouveaux remous périodiques sur tous les marchés.

Dans ce contexte très volatil notre exposition au marché des actions reste modérée en moyenne, mais mobile en fonction des évolutions géopolitiques et de marché. Dans nos fonds internationaux nous conservons le thème de la transition énergétique, qui sort renforcé de la crise, et maintenons une duration obligataire quasi nulle.

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